Communiqué de Presse
Le SĂ©nĂ©gal traverse une sĂ©quence prĂ©occupante oĂč la libertĂ© dâopinion se heurte Ă une gouvernance fĂ©brile, rĂ©active et de plus en plus influencĂ©e par les vagues Ă©motionnelles qui traversent les rĂ©seaux sociaux. Ces derniers jours, plusieurs leaders dâopinions ont Ă©tĂ© convoquĂ©s par la police, parmi eux Badara Gadiaga, chroniqueur, Madiambal Diagne, journaliste et Ardo Gningue, activiste. Ce climat de convocations rĂ©pĂ©tĂ©es nâa rien dâanodin. Il traduit une volontĂ© de faire taire les voix critiques, de semer la peur et de restreindre progressivement lâespace de libertĂ© que les citoyens se sont arrachĂ©s de haute lutte.
Ces pratiques sont dâautant plus inquiĂ©tantes quâelles sâinscrivent dans une logique oĂč les autoritĂ©s semblent rĂ©pondre plus aux pressions de lâopinion virtuelle quâaux exigences de lâĂtat de droit. Gouverner ne consiste pas Ă rĂ©agir Ă chaud Ă chaque polĂ©mique digitale. Gouverner, câest avoir le sens de la mesure, de la justice et de la responsabilitĂ©. Or, lorsque des opinions exprimĂ©es entraĂźnent des convocations, des enquĂȘtes ou des intimidations, câest toute lâidĂ©e de dĂ©mocratie qui vacille. Ce nâest pas parce quâune dĂ©claration suscite lâindignation sur la toile quâelle mĂ©rite une sanction judiciaire. La justice ne peut devenir lâoutil dâune gouvernance soumise Ă lâinstantanĂ©itĂ©, encore moins un paravent pour calmer les colĂšres ou plaire Ă une foule numĂ©rique souvent versatile.
Il est urgent de rappeler que la libertĂ© dâopinion, comme la libertĂ© dâexpression, sont consacrĂ©es par la Constitution sĂ©nĂ©galaise et par les instruments juridiques internationaux dans le prĂ©ambule. Ces libertĂ©s ne peuvent ĂȘtre conditionnĂ©es Ă lâadhĂ©sion populaire ou au silence. Elles ne se nĂ©gocient pas. Dans une dĂ©mocratie digne de ce nom, on dĂ©bat, on critique, on confronte les idĂ©es, mais on ne convoque pas systĂ©matiquement celles et ceux qui refusent de sâaligner sur la pensĂ©e dominante ou qui dĂ©rangent lâordre Ă©tabli.
Le Collectif Noo Lank exprime sa profonde inquiĂ©tude face Ă cette dynamique dangereuse et appelle les autoritĂ©s Ă faire preuve de hauteur, de rigueur et de cohĂ©rence avec les principes quâelles affichaient en conquĂ©rant le pouvoir. Ce peuple a trop souffert de lâarbitraire pour que les pratiques anciennes soient reconduites sous de nouveaux habits. La peur ne doit plus gouverner, et la justice ne peut ĂȘtre lâombre portĂ©e des humeurs sociales. Il est temps de restaurer la sĂ©rĂ©nitĂ©, de garantir lâĂ©quitĂ© et de replacer les libertĂ©s publiques au cĆur de la RĂ©publique.
Restons mobilisés !!!