Ils étaient une centaine, jeudi 3 septembre à Muzaffarabad, capitale du Cachemire sous contrôle pakistanais, à protester contre la dernière « une » de Charlie Hebdo, qui a choisi de republier, à l’occasion de l’ouverture du procès des attentes djihadistes de janvier 2015, plusieurs caricatures du prophète Mahomet qui avaient fait de l’hebdomadaire satirique une cible des djihadistes depuis 2006.
Les protestataires se sont rassemblés dans la ville, hurlant des slogans tels que « Cessez d’aboyer, chiens français », ou encore « Stop Charlie Hebdo ». La manifestation s’est achevée sans violence, après qu’un drapeau tricolore a été piétiné, puis incendié.
Plusieurs autres manifestations sont prévues après la prière du vendredi, dont une à Lahore, dans l’est du pays, du parti extrémiste Tehrik-e-Labbaik Pakistan, dont la lutte contre le blasphème est la principale arme politique. L’ambassade de France au Pakistan a appelé ses ressortissants à « rester à l’écart de tout rassemblement » et « éviter tout déplacement » vendredi.
Le blasphème est une question très sensible au Pakistan, deuxième pays musulman le plus peuplé avec près de 220 millions d’habitants, où même des allégations non prouvées d’offense à l’islam peuvent entraîner assassinats et lynchages. La représentation des prophètes est strictement interdite par l’islam sunnite. Ridiculiser ou insulter le prophète Mahomet est passible de la peine de mort dans certains pays musulmans, dont le Pakistan.
« Les caricatures publiées ont heurté les sentiments de millions de musulmans », a observé le ministère des affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, qui espère « la traduction devant un tribunal » des « responsables de cet acte méprisable ». L’acquittement en octobre 2018 de la chrétienne Asia Bibi, qui avait passé plus de huit ans dans les couloirs de la mort pour blasphème, ce qu’elle a toujours nié, avait provoqué des marches violentes dans tout le Pakistan.