Le Sénégal, en collaboration avec la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et la Banque Mondiale, a récemment publié les résultats de la deuxième édition de l’enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM). Cette enquête nationale d’envergure a sondé 7 120 ménages à travers deux vagues de collecte, couvrant la période 2021/2022.
Les principaux résultats révèlent un taux de pauvreté monétaire de 37,5% pour cette période, marquant une légère baisse par rapport aux 37,8% enregistrés entre 2018 et 2019. Cependant, malgré cette diminution, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a augmenté, touchant près de 500 000 individus supplémentaires, en raison d’une croissance démographique plus rapide que la réduction de la pauvreté.
L’extrême pauvreté a également connu une légère diminution, passant de 6,8% à 5,6%. La pauvreté reste plus prégnante en milieu rural, avec un taux de 53,3% contre 20,0% en milieu urbain. Par région, les taux les plus élevés sont observés à Kédougou (65,7%), Sédhiou (64,4%), Tambacounda (62,8%) et Kolda (62,5%), tandis que Dakar affiche le taux le plus bas à 9,3%.
Les résultats montrent également des disparités significatives selon le genre et l’âge des chefs de ménage. Les ménages dirigés par des hommes présentent un taux de pauvreté de 42,0%, contre 24,7% pour ceux dirigés par des femmes. De plus, 41,0% des ménages dirigés par des chefs âgés de 50 à 59 ans sont en dessous du seuil de pauvreté.
En matière d’insécurité alimentaire, celle-ci demeure une réalité avec une prévalence de 29,9% pour l’insécurité alimentaire modérée ou sévère, affectant particulièrement les populations les plus pauvres et les zones rurales.
Enfin, l’étude aborde également les perceptions sur la gouvernance, indiquant que la moitié des Sénégalais estiment que les droits de l’Homme ne sont pas respectés et que la corruption reste un problème majeur. De plus, près de la moitié des citoyens ne se sentent pas en sécurité dans leur quartier après la tombée de la nuit, et un petit pourcentage a déclaré avoir été victime d’au moins une agression au cours de l’année précédente.
Cette enquête vise à renforcer les capacités d’évaluation de la pauvreté au sein des États membres de l’UEMOA et à guider les politiques publiques pour améliorer les conditions de vie des populations sénégalaises.
Stephen Massima LVM