Le Sénégal s’apprête à franchir une étape décisive dans sa quête de souveraineté bancaire en rachetant la filiale locale de la Société Générale pour un montant de 268 millions d’euros.
Cette annonce, relayée par Les Échos, intervient dans un contexte marqué par le retrait progressif des banques françaises du continent africain. Supervisée directement par le président Bassirou Diomaye Faye, cette opération stratégique vise à renforcer l’État sénégalais en lui fournissant un outil financier puissant pour stimuler l’économie nationale. En rachetant l’un des principaux acteurs bancaires du pays, le gouvernement ambitionne de favoriser les investissements publics tout en soutenant le développement des PME locales, qui ne bénéficient actuellement que d’une faible part des crédits octroyés aux entreprises.
Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique continentale où le retrait des banques françaises offre de nouvelles opportunités aux acteurs locaux. Comme l’explique Jamal El Mellali, expert de l’agence Fitch, dans Les Échos, ces établissements, autrefois focalisés sur une clientèle haut de gamme et frileux dans l’octroi de crédits, laissent désormais place à des institutions africaines mieux adaptées aux besoins locaux.
La Société Générale poursuit son désengagement en Afrique, ayant déjà quitté plusieurs pays, dont le Congo, le Tchad, le Bénin, le Burkina Faso, le Mozambique et la Mauritanie. Son retrait de Guinée vient également d’être annoncé, et la cession de ses filiales en Côte d’Ivoire est prévue pour 2025.
Face à ce retrait, des banques africaines émergent comme des acteurs clés. La Coris Bank, dirigée par Idrissa Nassa, a repris les filiales de la Société Générale au Tchad et en Mauritanie, tout en acquérant la Standard Chartered en Côte d’Ivoire. Vista Bank, sous la direction de Simon Tiemtoré, affiche également des ambitions continentales, prévoyant une présence dans 25 pays d’ici 2026.