Ledakarois221- Dernièrement on note au Sénégal, la prolifération de séries télévisées tentant de dépeindre le quotidien de la vie des Sénégal. Cette nouvelle démarches des entrepreneurs de la cinématographie sénégalaise est constitutive d’efforts louables. Seulement, dans une perspective de bien faire, il serait d’un grand intérêt de faire des recherches dans les différents domaines avant de les évoquer dans les séquences télévisées. En effet, les téléspectateurs peuvent facilement s’en rendre compte ; les scénaristes et metteurs en scènes de ces séries, font souvent preuve d’une légèreté inexcusable dans le domaine de la recherche. Il est clair que des secteurs comme la justice, restent difficile à cerner même pour ses acteurs. La complexité des procédures -dans la théorie comme dans la pratique- exige des recherches rigoureuses avant de songer à aborder ces thèmes dans le cinéma. En réalité, le constat a débuté avec « Wiri-Wiri » où le Commissaire détenait des pouvoirs qui dépassaient largement ceux qui sont légalement attribués à cette autorité dans la vraie vie. Cette foisci c’est avec la série « Pod et Marie chou ». En fait, dans l’épisode 25 de la saison 4, diffusé sur la TFM le 29 février 2020, on est témoin d’au moins quatre erreurs dues à deux raisons : une confusion entre le droit américain et le droit sénégalais et une ignorance profonde de la procédure pénale sénégalaise. Le droit sénégalais est différent du droit américain qui est logiquement usité dans les séries américaines. C’est dans le droit américain que le juge est appelé « Votre Honneur » mais pas dans le droit sénégalais. Dans le droit sénégalais, le juge est appelé Monsieur/Madame le Président. De même, nous avons noté au cours de cet épisode, que dans l’audience, les avocats font usage « d’objections ». Ce qui est inconnu dans le système judiciaire sénégalais. En sus de ce qui précède, nous avons aussi souligné que dans l’audience sus mentionnée, le procureur de la République se tenait debout, même pour poser des questions à l’accusé alors que dans la procédure pénale sénégalaise, le représentant du ministère public ne se lève que pour faire ses réquisitions. Par ailleurs, par ignorance, ou encore par arrogance dans les recherches, les scénaristes ont fait appelé la juridiction de jugement « Cour » alors qu’au Sénégal, la juridiction compétente pour connaitre des affaires criminelles en premier ressort, est appelée « Chambre criminelle » instituée dans chaque tribunal de grande instance en application de la Loi n° 2016-30 du 08 novembre 2016. Donc depuis 2016, l’on parle plus de Cour d’Assises mais de Chambre Criminelle pour trancher en matière criminelle, en premier ressort. En plus, je trouve incohérent que dans cette audience de l’épisode25 de la saison 4, tous les membres de la Chambre ont mis leurs toges à l’exception du greffier audiencier. Dans un procès aussi solennel que la Chambre criminelle, il est inimaginable qu’une telle chose puisse se passer. Cependant, malgré tous manquements, le plus grave s’est produit quand le juge a décerné mandat de dépôt contre un témoin qui venait de faire aveu concernant un cas meurtre totalement étranger au procès objet de l’audience. Ce qui est tout à fait en déphasage avec la procédure pénale sénégalaise. En fait, en droit sénégalais, l’aveu ne peut être retenu comme principale preuve et à fortiori, motif de mandat dépôt contre un témoin. C’est extrêmement grave ce qui s’est passé dans cette séquence. Aucun texte de notre droit pénal ne prévoit une telle mesure prise par le président de la Chambre criminelle. C’est à la limite une désinformation à l’encontre des citoyens sénégalais. Comme pour montrer leur manque de sérieux et leur amateurisme à suffisance, dans l’épisode 26 diffusé ce 03 mars 2020, arrivé au moment des réquisitions, le procureur de la république reste assis pour requérir. En agissant de la sorte, ils violent la règle la plus élémentaire de la procédure pénale. En effet, le magistrat du parquet, en l’occurrence le procureur, est appelé « magistrat debout » car il fait ses réquisitions en se tenant debout. Ce qui signifie que cette série manque de sérieux et risque d’induire pas mal de citoyens en erreur. La justice est une chose sérieuse avec laquelle il ne faudrait pas jouer. Au regard de toutes ces observations, nous tenions à attirer l’attention des concepteurs des séries télévisées à plus de sérieux. Le cinéma doit participer à informer et à former la société. Le cinéma doit être un garant d’une éducation pour les plus jeunes et d’une source d’information pour les moins informés. Nous sommes dans un monde où l’accès à la justice est devenu une question centre, débattue dans les plus hautes sphères de l’État, d’où la création de « Maisons de la Justice » et de « Boutiques de Droit » à travers le territoire national. Une question aussi sérieuse que la procédure judiciaire, un secteur aussi sensible que la justice, mériteraient plus de sérieux de la part des «autodidactes » de la cinématographie car le cinéma a un grand rôle à jouer dans le développement économique et sociale de nos pays pauvres où l’éducation est une denrée rare.