En conférence de presse hier vendredi 9 mai, l’Alliance pour la République (APR) a fait part de sa décision de ne pas participer au Diologue politique devant se tenir le 28 mai prochain. L’APR motive sa décision par les attaques incessantes dont fait l’objet son chef de parti, Macky Sall, de la part des gens du pouvoir.
Alors que le gouvernement lançait, le même jour, la plateforme numérique « JUBBANTI », censée garantir une participation inclusive et décentralisée à ces concertations nationales, l’APR adoptait, en parallèle, une posture de retrait. Le contraste est saisissant. D’un côté, l’exécutif affiche sa volonté d’ouvrir un large dialogue avec tous les segments de la société sénégalaise, y compris la diaspora. De l’autre, l’ancien parti au pouvoir, par la voix de son porte-parole Seydou Guèye, annonce qu’il déclinera l’invitation, invoquant des raisons politiques et éthiques.
« Le chef de notre parti, qui a dirigé ce pays durant douze années, est qualifié publiquement de chef de gang par un ministre de la République. Cela est inédit et inacceptable dans notre histoire politique », a fustigé Seydou Guèye, devant un parterre de journalistes réunis à la permanence du parti. L’APR reproche au nouveau pouvoir d’avoir franchi une ligne rouge en s’en prenant ouvertement à Macky Sall, qui avait pourtant, selon ses partisans, transmis le pouvoir de manière pacifique et démocratique.
Mais au-delà des invectives, le parti de l’ancien président pointe aussi une « stratégie d’asphyxie politique » menée par le gouvernement à travers une série de mesures jugées ciblées. Seydou Guèye évoque une vague d’interpellations et d’enquêtes dirigées contre d’anciens ministres, directeurs généraux, et hommes d’affaires proches de l’ancien régime. « Il s’agit d’une opération systématique de décapitation politique de notre formation, destinée à enterrer l’APR et à effacer ses grands responsables de l’espace public », a-t-il accusé.
Avec cette déclaration, l’Alliance pour la République devient ainsi la deuxième formation politique, après la République des Valeurs de Thierno Alassane Sall, à se retirer de l’exercice de concertation politique annoncé pour le 28 mai. Une double absence qui interroge sur la capacité réelle du Dialogue national à rassembler l’ensemble des sensibilités, dans un contexte de recomposition politique accélérée.
B.sagna