Un nouveau partenariat stratégique signé entre la Télédiffusion du Sénégal (TDS-SA) et la société malienne TNT Sat Africa suscite une vive polémique dans le secteur de l’audiovisuel.

En effet, cette convention, conclue de gré à gré, confère à l’opérateur malien la mission de fournir 16 000 décodeurs hybrides au Sénégal, remplaçant ainsi Excaf Télécom, l’ancien prestataire sénégalais.
L’annonce a été rendue publique sur la page Facebook officielle de TDS-SA, qui s’est félicitée de ce nouveau cap : « Nous avons le plaisir de vous annoncer la signature d’un partenariat stratégique entre TDS-SA et TNT Sat Africa, acteur majeur de la diffusion satellitaire en Afrique de l’Ouest », peut-on lire.

Un choix qui interroge
Si la signature d’un tel contrat pouvait passer inaperçue dans un cadre transparent et concurrentiel, le fait qu’il ait été attribué sans appel d’offres pose question. Plusieurs observateurs dénoncent une procédure opaque et une remise en cause de la préférence nationale.

Une source interne du secteur s’indigne : « Retirer un marché à une entreprise locale comme Excaf, qui détient encore 50 000 décodeurs en stock et dont les équipements sont présents dans plus de 500 000 foyers sénégalais, pour le confier à une société étrangère sans appel d’offres est une erreur stratégique majeure. »
Des stocks ignorés, une continuité perturbée.

Le changement de prestataire survient au moment même où Excaf Télécom, ex-concessionnaire national, reste lourdement engagé avec un stock non écoulé. De nombreux professionnels estiment que cette rupture brutale nuit à la logique de continuité technologique, d’autant que la base installée repose largement sur les anciens décodeurs d’Excaf.

De plus cette opération traduit un manque de vision stratégique, et surtout un déficit de management au sein de la TDS.
« On cherche à relancer un cycle en ignorant tout un parc déjà opérationnel. C’est inefficace, coûteux et injuste envers une entreprise sénégalaise », souligne un analyste du secteur.

Un partenariat à clarifier
Le nouveau contrat prévoit également la fourniture d’un système de cryptage sécurisé ainsi qu’un dispositif mobile FlyAway pour la couverture d’événements. Mais aucun détail n’a encore été communiqué sur les critères techniques, le coût global, ou les modalités de distribution aux usagers.

Les professionnels du secteur et l’opinion publique attendent plus de transparence de la part des autorités. Une chose est certaine : dans un pays où la souveraineté numérique est de plus en plus évoquée, confier un marché stratégique à une entreprise étrangère sans consultation ouverte alimente suspicion et mécontentement.
