Alors qu’elle était active depuis plusieurs mois et que des centaines de photos et vidéos y avaient été postées, la chaîne « Oncles blancs en Afrique 18 + », révélée par Jeune Afrique, a été fermée ce 25 juin par la messagerie Telegram. Les mercenaires de Wagner y postaient des images d’exactions commises en particulier au Mali.

La chaîne Telegram « Oncles blancs en Afrique 18 + » est fermée. Révélée par une enquête de Jeune Afrique publiée le 24 juin, elle diffusait des images d’exactions commises en Afrique par des mercenaires russes de Wagner qui envoyaient eux-mêmes les contenus. L’administrateur de ce canal secret que nous avions infiltré il y a plusieurs mois, Roman Morin, alias « Maskov », a annoncé sa suppression par Telegram ce 25 juin, dénonçant une décision dictée par des « libéraux tendres ».
Cette fermeture intervient au lendemain de la publication par Jeune Afrique de l’enquête dévoilant l’existence de cette « chambre rouge » numérique, dans laquelle ont été partagées 322 vidéos et 647 photographies documentant des actes de torture, de mutilation, d’exécutions extrajudiciaires et de profanations de cadavres. Le canal n’était accessible que sur invitation, et réservé à une communauté de vétérans de Wagner, de mercenaires actifs et de sympathisants néonazis.
Sur une chaîne publique, les anciens abonnés s’en prennent à Telegram et à Jeune Afrique
Telegram, souvent critiqué pour son laxisme vis-à-vis des contenus violents ou extrémistes, n’avait jusqu’ici pris aucune mesure contre ce canal. L’enquête de Jeune Afrique, en apportant des preuves précises, contextualisées et vérifiables (éléments que nous avons conservés), a vraisemblablement contribué à alerter la plateforme et à forcer une réaction. Le canal public affilié, qui vend des produits dérivés Wagner via la marque néonazie H8 Core, restait toutefois actif ce 25 juin au matin.
Sur cette chaîne publique, les anciens abonnés russes du canal fermé s’en prenaient de façon virulente à Telegram et Jeune Afrique.
Certains engageaient déjà l’ancien parachutiste et mercenaire de Wagner Roman Morin à contourner ce qu’ils qualifiaient de censure libérale en créant une nouvelle chaîne privée avec un autre nom.
Conscient que son groupe avait pu être infiltré une première fois, l’un d’eux appelait cependant à un « accès resserré ».