Lors d’un point de presse tenu ce samedi 12 juillet 2025, le député Tahirou Sarr, président du parti «Les Nationalistes », a vivement critiqué l’arrestation du chroniqueur Badara Gadiaga, qu’il qualifie de « mesure arbitraire » révélatrice d’un système répressif toujours en place, malgré l’alternance politique incarnée par le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko.
« Le système n’a pas changé. On continue de faire taire les citoyens. Le cas de Badara Gadiaga en est l’exemple parfait. Il a été arrêté injustement. Aujourd’hui, je constate qu’il n’y a pas de procureur de rupture », a-t-il déclaré, pointant du doigt une continuité troublante dans les pratiques judiciaires et politiques, malgré les promesses de changement. Dans une posture critique mais mesurée, Tahirou Sarr a également appelé Ousmane
Sonko à adopter une démarche plus unificatrice dans sa gestion des tensions politiques et sociales.
« Il devrait tenir un discours conciliateur et fédérateur, plutôt que de laisser s’installer les tiraillements », a-t-il insisté, en référence au climat de polarisation toujours perceptible dans l’espace public sénégalais.
L’interpellation du président de la République n’a pas été éludée.
Le député a exhorté Bassirou Diomaye Faye à intervenir personnellement pour obtenir la libération du chroniqueur de la TFM, estimant que l’affaire aurait pu être réglée dans un cadre strictement médiatique ou politique.
À ses yeux, « l’échange houleux » entre Badara Gadiaga et le député Amadou Ba (membre du Pastef) n’avait pas vocation à finir devant les tribunaux.
« Nous ne devons pas céder à la tentation de judiciariser tous les débats publics. La liberté d’expression reste un pilier de notre démocratie, et il
est impératif de la protéger, y compris lorsqu’elle dérange », a martelé Tahirou Sarr, en clôture de son intervention. Cette prise de position relance le débat sur l’équilibre entre responsabilité politique et liberté d’opinion dans un contexte post-électoral encore marqué par les crispations de la période pré-2024.
Alors que le gouvernement se veut porteur d’une rupture démocratique, certains observateurs voient dans cette arrestation un signal contradictoire, voire préoccupant. Le dossier de Badara Gadiaga, initialement centré sur des accusations de « discours contraires aux bonnes mœurs », s’est complexifié avec l’ajout de charges lourdes telles que la diffusion de fausses nouvelles et l’invocation de l’article 80 du Code pénal. Ses avocats dénoncent une cabale fondée sur une mauvaise interprétation de transactions financières, tandis que plusieurs voix, à l’image de celle de Tahirou Sarr, s’élèvent désormais pour contester la légitimité même de la procédure.