Face à une crise jugée « sans précédent » dans le secteur de la boulangerie, l’Intersyndical de la Fédération des boulangers du Sénégal a sonné l’alerte, ce jeudi, lors d’une conférence de presse tenue à Dakar. Une occasion pour les professionnels du pain de dénoncer l’inaction des autorités et d’appeler à des mesures urgentes pour sauver un pan essentiel de la souveraineté alimentaire nationale.
Les points abordés ont été les dysfonctionnements du secteur de la boulangerie sénégalaise et les menaces qui pèsent sur ce pilier de l’économie sociale.
Le prix et le poids du pain seront également discutés.
« Ce qui se joue aujourd’hui dépasse largement le cadre corporatiste. Il s’agit de la survie d’un secteur stratégique, de la protection de milliers
d’emplois et de la paix sociale », a déclaré Joseph Diab, porte-parole de l’Intersyndical.
L’intersyndical pointe du doigt l’inaction de l’État et le non-respect des réglementations en vigueur, notamment le Décret 2277 du 31 décembre 2019.
Les boulangers dénoncent un environnement réglementaire chaotique. Ils fustigent les ouvertures anarchiques de boulangeries ne respectant ni les normes, ni les distances établies, ainsi que l’absence de récépissés pour des demandes d’autorisation datant de 2020. L’inopérance des comités de suivi techniques régionaux et la concurrence déloyale du secteur informel exacerbent la situation. Les tracasseries administratives récurrentes, les contrôles inopinés et les fermetures arbitraires sont devenus le quotidien des professionnels.
À cela s’ajoutent des coûts de production devenus insupportables. L’envolée des prix des intrants est criante : le carton de levure a bondi de 20 000 FCFA à 31 000 FCFA en cinq ans. Les équipements vieillissants sont impossibles à renouveler, les factures d’électricité sont écrasantes, et les retards dans les quotas de Diesel Oil contraignent les boulangers à s’approvisionner à la pompe à des prix exorbitants. La fiscalité est jugée incohérente, taxant lourdement des intrants comme la levure ou l’améliorant alors que le pain est un produit social. L’introduction d’une nouvelle taxe pour l’obtention de l’Établissement Classé (EC), en hausse brutale, achève de les asphyxier.
La décision de juin 2024 de baisser le prix du pain de 175 FCFA à 150 FCFA suite à la diminution du prix de la farine (de 19 200 F à 15 200 FCFA) est perçue comme un coup de massue. « Cette baisse, en apparence bénéfique pour le consommateur, a en réalité été un coup de massue pour les boulangers, déjà fragilisés », a déclaré Joseph DIAB, un des porte-paroles du jour. Les coûts de production n’ayant pas diminué (électricité, salaires, charges fiscales et sociales), les marges des boulangers sont laminées, entraînant des faillites et des menaces sur l’emploi.
Parmi les principales demandes formulées :
La fermeture des boulangeries illégales ;
L’assainissement du secteur ;
La digitalisation des procédures administratives ;
Et une refonte de la politique de subvention et de régulation des intrants.
B.S