Il est l’une des figures politiques les plus emblématiques du Sénégal et du continent africain. Maître Abdoulaye Wade, ancien président de la République du Sénégal, incarne à lui seul l’opiniâtreté politique, la passion du verbe et la vision panafricaniste.
Né le 29 mai 1926 à Kébémer, au nord du pays, Abdoulaye Wade entame une carrière académique brillante en France où il obtient plusieurs diplômes, dont un doctorat en droit et en économie. Avocat au barreau de Dakar, il se forge une réputation d’intellectuel redoutable, alliant rigueur et éloquence.
En 1974, alors que le Parti socialiste domine la vie politique sénégalaise depuis l’indépendance, il crée le Parti Démocratique Sénégalais (PDS). Surnommé le Pape du Sopi (du changement, en wolof), Wade devient rapidement le symbole d’une opposition farouche mais résolue, souvent marginalisée, parfois emprisonnée, mais toujours debout.
L’accession au pouvoir en 2000 marque un tournant historique. Wade remporte la présidentielle face à Abdou Diouf, réalisant la première alternance démocratique au Sénégal. À 74 ans, il accède enfin à la magistrature suprême après plus de deux décennies de lutte politique. Durant ses deux mandats (2000–2012), il initie de grands chantiers : autoroutes, universités, télécommunications, zones économiques spéciales, sans oublier le controverser mais symbolique Monument de la Renaissance africaine, érigé sur une colline de Dakar.
Mais le second mandat de Me Wade est aussi entaché de polémiques : soupçons de mauvaise gouvernance, critiques contre la gestion des ressources publiques, et surtout une tentative très contestée de briguer un troisième mandat en 2012. Malgré une forte mobilisation populaire, il se présente mais est battu par son ancien Premier ministre, Macky Sall.
À 99 ans, Me Wade reste aujourd’hui une figure respectée mais clivant. Patriarche du libéralisme africain, son nom restera lié à la vitalité démocratique sénégalaise et à la transformation d’un pays qui lui doit autant de promesses que de débats.