L’affaire judiciaire qui vise le chroniqueur Badara Gadiaga a pris un tournant inattendu et de plus en plus controversé.
D’abord poursuivi pour des infractions liées à des propos jugés inappropriés, le chroniqueur de la TFM est désormais confronté à des
accusations bien plus graves, nourries, selon sa défense, par une méprise
sur des transactions bancaires et par une volonté de le neutraliser politiquement.
Lors de sa première garde à vue, Badara Gadiaga était poursuivi pour «discours contraires aux bonnes mœurs ». Mais lors de sa présentation
devant le procureur, la liste des chefs d’accusation s’est considérablement allongée : diffusion de fausses nouvelles, offense à une personne exerçant les prérogatives du chef de l’État, et une incrimination beaucoup plus lourde fondée sur l’article 80 alinéa 2 du Code pénal. Cet article vise qui-
conque reçoit ou sollicite des dons ou subsides en vue de mener une propagande susceptible de troubler l’ordre public ou de jeter le discrédit sur les institutions. Aux yeux de ses avocats, cet.ajout de dernière minute n’est pas anodin. Ils estiment qu’il s’agit d’une manœuvre destinée à activer l’article 139 du Code de procédure pénale, qui impose un mandat de dépôt automatique lorsque l’infraction entre dans le champ des articles 56 à 100. En d’autres termes, la requalification des faits aurait eu pour objectif de priver Badara Gadiaga de toute possibilité de comparaître libre.
Ce revirement a immédiatement soulevé des interrogations sur
la volonté réelle du parquet : s’agissait-il d’établir la vérité judiciaire ou d’obtenir un emprisonnement coûte que coûte ?
Au cœur de cette nouvelle accusation figure la mention de la Fintech GSIE. Selon des sources proches du dossier, les enquêteurs ont relevé des transferts d’argent vers le compte Orange Money de Badara Gadiaga en provenance d’un expéditeur identifié comme « GSIE », et ont cru y voir un flux financier suspect et personnel. La thèse retenue est que ces fonds proviendraient d’une société appartenant au chroniqueur, censée financer une propagande politique. Pourtant, la réalité apparaît beaucoup plus triviale :.Badara Gadiaga bénéficie d’un prêt bancaire contracté auprès
de l’Acep, une banque partenaire de la plateforme GSIE Technology.
GSIE est en effet une entreprise de fintech fondée en 1996 par Antoine NGOM, spécialisée dans l’interconnexion des systèmes financiers. Elle agit
comme passerelle technologique entre banques, Systèmes financiers décentralisés et opérateurs de mobile money tels qu’Orange Money ou
Wave. Ainsi, lorsque Badara Gadiaga opère un virement de son compte Acep vers son portefeuille Orange Money, la transaction transite obligatoirement par GSIE. Ses avocats soulignent qu’il s’agit d’un cir-
cuit bancaire tout à fait classique et traçable, et que les fonds en question proviennent exclusivement de son prêt contracté dans les règles.
Cette confusion technique, qui a servi de point de départ à l’alourdissement des charges, est dénoncée comme un mélange d’incompétence et de volonté de manipulation.
Depuis l’apparition de la mention de GSIE dans la procédure, certains détracteurs de Badara Gadiaga ont multiplié les insinuations sur d’éventuelles sources occultes de financement, promettant que « le compte Orange Money de Badara Gadiaga va parler ». Pour sa défense, ces accusations relèvent de l’intoxication pure et simple : aucun élément n’atteste de flux illégaux, ni d’opérations suspectes autres que les remboursements liés au crédit bancaire. Cette affaire, qui avait commencé comme une simple procédure pour des propos jugés injurieux, s’est transformée en un dossier tentaculaire où l’incompréhension technique et la suspicion politique semblent se nourrir mutuellement. Pour les avocats de Badara Gadiaga, la stratégie est claire : le discréditer et provoquer sa détention préventive par tous les moyens.
En attendant son audience prévue le 14 juillet au Tribunal de Dakar, la mobilisation de ses soutiens ne faiblit pas. Ils y voient un symbole d’atteinte aux libertés et un signal inquiétant pour tous ceux qui, dans l’espace public, entendent exercer leur liberté d’expression sans crainte de représailles judiciaires.
Ledakarois