Le retrait annoncé du groupe LISNAVE INTERNATIONAL de l’appel d’offres pour la reprise des Chantiers Navals de Dakar n’est pas un geste impulsif : il résulte d’une analyse approfondie du cahier des charges et des conditions économiques proposées. Ce retrait pose trois défis majeurs pour l’État sénégalais : préserver les acquis sociaux acquis pendant 26 ans, garantir la continuité opérationnelle d’un outil industriel stratégique, et s’assurer que le futur opérateur dispose réellement des capacités techniques et financières nécessaires.
En effe, depuis 1999 Lisnave, via Dakarnave, a joué un rôle central dans la remise à niveau et la gestion des chantiers : modernisation des infrastructures, montée en compétences locales, et création d’un écosystème économique autour du site. Ce capital industriel et social est le fruit de 26 ans d’investissement et d’un savoir-faire difficilement remplaçable à court terme. Perdre ce partenaire, ou mal gérer la transition, revient à prendre le risque d’affaiblir un pôle industriel régional déjà remis sur pied.

D’après les communications publiques, Lisnave a motivé son retrait par des défaillances structurelles et économiques du cahier des charges : le montage proposé ne garantissait pas la viabilité opérationnelle du chantier, ni la pérennité des emplois et des acquis sociaux. En clair, le cadre réglementaire, financier et contractuel (conditions de financement, risques liés à la transition, responsabilités en cas de cessation d’activité) n’offrait pas de garanties suffisantes pour défendre un projet industriel durable. Cette décision traduit une logique d’investissement responsable : mieux vaut se retirer que de lier le groupe à une opération qu’il juge non défendable.
L’État (SIRN, Ministère de la Pêche & Économie maritime, Primature) porte une responsabilité lourde :Préserver l’emploi et les acquis sociaux : les salariés ont construit une organisation et des droits qui peuvent être fragilisés par un repreneur mal préparé. Garantir la continuité industrielle : un chantier naval n’est pas seulement des bâtiments — c’est une chaîne d’activité (stocks, contrats clients, savoir-faire) qu’il faut maintenir sans rupture.Maintenir la crédibilité du processus d’appel d’offres : un cahier des charges perçu comme inadapté écarte les opérateurs sérieux et peut conduire à des offres insuffisantes ou à l’échec du processus. L’État doit se demander si, dans sa hâte, il a renoncé à des garanties indispensables.
En résumé : l’État ne doit pas considérer le retrait de Lisnave comme une simple péripétie — c’est un signal fort demandant réévaluation technique, financière et sociale du dossier.
Les médias indiquent qu’au final seules deux offres (Damen et Jobson Italia selon certains comptes-rendus) ont été reçues, tandis que d’autres pressenties se sont retirées ou n’ont pas déposé d’offre. Cela pose la question suivante : ces groupes ont-ils la capacité technique, financière et surtout la volonté de préserver les caractéristiques sociales et industrielles du site Points d’attention pour évaluer les candidats :Capacité financière réelle (fonds propres + accès au financement long terme) ;Compétences techniques (expérience en réhabilitation et en maintenance navale de taille comparable) ;Plan social crédible (engagements contractuels sur emplois, niveau de masse salariale, formation des cadres locaux) ;Plan d’exploitation assurant continuité clients (contrats existants à reprendre, gestion des stocks, maintenance des cales).Sans preuves robustes sur ces points, le risque est de confier le site à un repreneur qui réduira la voilure, exportera des activités, ou ne respectera pas les acquis sociaux.
Les risques concrets en cas de mauvaise attribution: Perte d’emplois ou recours massif au chômage technique ;Dissolution du tissu économique local (sous-traitants, fournisseurs, services associés) ;Rupture des contrats clients et perte de clientèle régionale ;Affaiblissement du positionnement stratégique régional du Sénégal dans la réparation navale.Ces effets sont exactement ceux que Lisnave veut éviter en se retirant plutôt que de s’engager sur un dossier jugé non soutenable.


