Selon le journal Le Quotidien, un incident majeur a éclaté vendredi lors de la 2e session ordinaire du Conseil des ministres de l’UEMOA, tenue à Lomé. Les représentants du Burkina Faso, du Mali et du Niger, membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont quitté précipitamment la réunion pour dénoncer le non-respect du principe de présidence tournante du Conseil, qui aurait dû revenir au Burkina Faso.
L’article 11 du traité de l’UEMOA prévoit que la présidence du Conseil des ministres revient, à tour de rôle, à l’un des ministres chargés des Finances des États membres, pour un mandat de deux ans. Or, le ministre ivoirien, toujours en fonction malgré l’expiration de son mandat, continue d’assurer la présidence, créant un blocage. Face à cette impasse, Le Quotidien rapporte que seul un arbitrage de la Conférence des chefs d’État pourrait éviter une crise institutionnelle. Pour certains analystes, ce départ collectif illustre une fracture grandissante entre les trois États de l’AES, en rupture avec la CEDEAO, et les cinq autres membres de l’UEMOA, restés alignés sur la ligne traditionnelle.
Un expert malien cité par Le Quotidien y voit une stratégie de l’AES visant à obtenir des réformes profondes, voire à préparer une sortie de l’Union. Les États de l’AES, en quête d’autonomie économique, contestent notamment l’influence persistante de la France sur le franc CFA.
Créée en 1994, avec un siège à Ouagadougou, l’UEMOA regroupe huit pays autour d’un objectif d’intégration économique et monétaire. Son slogan, « Huit pays, un destin », est aujourd’hui mis à rude épreuve.