Parce qu’un chroniqueur a parlé, il dort aujourd’hui derrière les barreaux.
Parce qu’il a exprimé un avis, comme d’autres l’ont fait avant lui — comme ceux-là mêmes qui tiennent aujourd’hui les rênes du pouvoir — il est puni, livré à l’exemple.
Mais non, ce n’est pas qu’un homme que l’on cherche à faire taire.
C’est le droit de parler, de critiquer, de débattre, de questionner…
C’est la liberté de ton qui est menacée.
C’est la liberté de la presse qu’on bâillonne à travers lui.
C’est la liberté de penser autrement qu’on jette en cellule.
Aujourd’hui, nous sommes tous Badara, parce qu’un chroniqueur, ce n’est pas un fauteur de troubles. C’est un miroir. C’est une voix. C’est une mémoire. C’est celui qui, par la plume ou le micro, interpelle, dérange, secoue.
Et voilà que ceux-là mêmes qui, hier, refusaient le silence imposé, qui promettaient qu’il n’y aurait plus de contraintes, se transforment aujourd’hui en geôliers de la parole libre.
Non, non, non.
Ce n’est pas la justice qui agit ici, c’est l’instrumentalisation de la justice.
Ce n’est pas un mandat de dépôt, c’est un message de menace envoyé à tous ceux qui osent encore prendre la parole.
Mais ce message-là, nous le refusons.
Car Badara n’est pas seul.
Il est cette voix familière dans nos radios, dans nos débats, dans nos consciences.
Il est l’écho d’un peuple qui refuse de se taire.
Alors oui, nous sommes tous Badara.
Parce que la liberté ne se négocie pas. Elle se défend.
Parce qu’on ne sacrifie pas un homme pour protéger un système.
Parce qu’il vaut mieux un pays bousculé par la parole libre,
qu’un pays apaisé par la peur.
Et comme dit un proverbe chinois : “Quand le vent du changement souffle, certains construisent des murs, d’autres des moulins.”
Nous, nous choisirons toujours de faire tourner les moulins.
Nous n’étoufferons pas
Badara. Ce n’est plus un prénom. C’est une cicatrice sur la conscience collective.
Chroniqueur, donc dangereux.
Tu n’as ni arme, ni parti, ni cortège.
Seulement des mots.
Mais dans un pays qui a peur de ses miroirs, un mot juste est plus redoutable qu’un discours vide.
Alors on te prend. On t’enferme.
Parce que tu as parlé. Comme ils parlaient, avant.
Parce que tu as dénoncé. Comme ils dénonçaient, hier.
Et parce que tu n’as pas courbé l’échine.
Ce que tu portes, Badara, dépasse ta propre voix.
Tu incarnes un souffle qu’ils veulent interrompre.
Un ton libre. Une parole qui ose. Un esprit qui refuse de se plier.
Ils ont mis des barreaux.
Mais ils ne savent pas qu’on n’enferme pas une idée.
Qu’on ne bâillonne pas une génération en menaçant un seul.
Et nous ?
Nous te regardons, non comme une victime, mais comme un signal.
Un rappel que la liberté de n’est jamais acquise.
Qu’elle vacille, à chaque fois qu’un pouvoir croit que critiquer, c’est trahir.
Alors oui, nous sommes tous Badara.
Parce que ce qui t’arrive n’est pas une exception. C’est une alerte.
Parce qu’en t’atteignant, ils visent chacun de nous qui refusons le silence convenu.
Et même si la cellule se referme, elle ne pourra jamais contenir ce que tu représentes.
Comme le dit un proverbe chinois :
“La vérité est comme le soleil : on peut la cacher un temps, mais elle finit toujours par se montrer.”
Nous n’étoufferons pas.
Ni nos mots. Ni notre mémoire. Ni notre liberté.