La liste des pays concernés n’a pas encore été rendue publique. La mesure, qui prendra la forme d’une caution, devrait s’appliquer d’ici 15 jours pour une période de test de 12 mois.
L’administration américaine est en passe de franchir un nouveau pas dans sa lutte contre l’immigration. Un projet pilote du département d’Etat, rendu public lundi, prévoit que certains candidats à l’obtention d’un visa pour venir sur le sol américain devront payer jusqu’à 15.000 dollars de caution.
Le choix d’une telle somme n’a rien d’anodin. Et vise, comme plusieurs autres mesures destinées à lutter contre l’immigration illégale, à s’assurer que les demandeurs de visas ne restent pas aux Etats-Unis au-delà de la durée autorisée de leur séjour.
Trois paliers de caution
La décision doit être publiée ce mardi dans le registre fédéral et entrera en vigueur dans les deux semaines qui suivent. Le projet pilote doit durer 12 mois et concerne aussi bien les visas d’affaires que touristiques, selon la notice du département d’Etat.
Il vise les « ressortissants de pays identifiés par le département d’Etat comme ayant des taux élevés de dépassement de la durée de séjour autorisée » ou ceux dont « les informations de contrôle et de vérification sont jugées insuffisantes », à la discrétion des agents consulaires. Pour autant, le document rendu public ne spécifie pas quels sont les pays qui sont dans le collimateur de l’administration américaine.
Mais il précise que « le département annoncera les pays concernés sur le site officiel Travel.state.gov au moins 15 jours avant l’entrée en vigueur du programme pilote ». Et que cette liste pourra être modifiée pendant toute la durée du programme. Lors de l’annonce de cette liste, « une brève explication des raisons justifiant l’exigence de caution », sera donnée.
Autre précision, « le montant exact de la caution sera déterminé par l’agent consulaire en fonction de la situation du demandeur ». Le texte prévoit trois niveaux de caution : un minimum de 5.000 dollars, un niveau intermédiaire de 10.000 et un maximum de 15.000.
Dans certains cas, l’obligation de caution pourra être levée. Par définition, cette caution sera récupérée par le voyageur à son départ des Etats-Unis.
Pas plus de 2.000 personnes concernées, selon l’US Travel Association
Selon le document, quelque 500.000 personnes auraient dépassé la durée autorisée de leur séjour aux Etats-Unis au cours de l’année fiscale 2023 (octobre à octobre). L’US Travel Association, qui représente les principales entreprises américaines du secteur du tourisme a, de son côté, estimé dans un communiqué que la portée de ce projet « semble être limitée » et n’affectera sans doute pas plus de 2.000 personnes.
Une manière de rassurer alors que les dernières données disponibles montrent que les Etats-Unis connaissent une baisse du tourisme avec un repli de 11 % du nombre de visiteurs étrangers au mois de mars dernier. Et notamment des touristes canadiens qui désertent les villes frontières.
Ces derniers mois, le président américain a amorcé un durcissement des conditions d’octroi de visas pour de nombreux pays, notamment africains, sur fond d’offensive anti-immigration de Washington. Lundi, les Etats-Unis ont ainsi annoncé suspendre la délivrance de visas aux ressortissants du Burundi, citant des « violations répétées » des ressortissants de ce pays très pauvre d’Afrique des Grands Lacs.
Sans oublier que la « grande et belle loi » budgétaire de Donald Trump prévoit que des frais pourront s’appliquer à tous les visiteurs ayant besoin d’un visa de non-immigration pour se rendre aux Etats-Unis. Ces frais seront d’au moins 250 dollars (216 euros au cours actuel) ou tout montant supérieur que le secrétaire fixera par voie réglementaire.
France pas concernée
Autant de frais qui ne concerneront pas, cependant, la quarantaine de pays, dont la France, qui participent au programme d’exemption de visas pour une durée limitée de 90 jours.
Ce programme permet aux ressortissants de ces pays, principalement européens, d’accéder au territoire américain sans visa, et réciproquement pour les ressortissants américains.
Les touristes exemptés de visa doivent cependant obtenir une autorisation électronique de voyage (ESTA, valable deux ans, et facturée 21 dollars, soit 18 euros environ), pour un séjour touristique ou d’affaires de trois mois maximum.