Un vent d’incompréhension souffle sur la Cité Fayçal, ce quartier calme de Dakar qui abrite depuis plusieurs années des professeurs d’université, hauts magistrats, anciens gouverneurs et ex-inspecteurs de l’IGE. Ces retraités et cadres supérieurs, figures respectées de l’élite administrative et académique du pays, se retrouvent aujourd’hui sous la menace d’une expulsion jugée arbitraire, suscitée par une notification inattendue émise par la SOGEPA.
Pourtant, l’histoire de cette cité est jalonnée d’actes administratifs clairs et légaux. À l’origine, les terrains avaient été attribués sous forme de baux emphytéotiques sous le régime du président Abdoulaye Wade, conscient des coûts élevés d’entretien des logements. L’État avait alors envisagé de vendre ces maisons aux occupants. Ces derniers avaient aussitôt exprimé leur intérêt et entamé les démarches nécessaires.
Cette dynamique avait conduit à la signature de baux de 50 ans, prolongés par la suite à 99 ans sous la présidence de Macky Sall, afin de permettre aux habitants d’investir sereinement dans l’entretien, la modification ou même la reconstruction totale des maisons, comme le prévoit clairement le contrat.
Beaucoup de résidents ont ainsi contracté des prêts bancaires, convaincus d’être dans leur droit et protégés par les engagements de l’État. Certains d’entre eux ont entièrement rénové leurs villas, dans le respect des conditions contractuelles.
Parmi ces occupants figurent des noms illustres du monde universitaire, des personnalités de l’administration, voire le père d’un haut responsable de l’État actuellement en poste à l’Assemblée nationale. Tous affirment avoir acquis légalement leur droit d’occupation, documents à l’appui.
Mais aujourd’hui, c’est la stupeur : la SOGEPA a émis un avis d’expulsion, sans fournir de motif juridique clair, plongeant les habitants dans l’inquiétude et l’indignation. “Nous sommes dans notre droit. Nous avons respecté toutes les procédures et investi pour entretenir ces maisons conformément aux baux signés avec l’État. Pourquoi cette tentative brutale d’expulsion ?”, s’interroge un résident.
Le pire dans cette affaire : la lettre d’expulsion elle-même est entachée d’une erreur sur l’article 3. Cette maladresse juridique soulève une question encore plus grave : les autorités compétentes, à commencer par le Président de la République et le Premier Ministre, sont-elles réellement informées de cette démarche ?
Les habitants dénoncent une démarche sans base légale, qui remet en cause la parole de l’État et fragilise des citoyens qui ont simplement cru aux engagements publics. Ils appellent aujourd’hui à la transparence, au respect du droit et à la cessation immédiate de toute tentative d’intimidation.
Faut-il désormais déchirer tous les actes administratifs ?
Cette affaire soulève une question lourde de sens : si des documents signés par l’État ne garantissent plus rien, alors c’est la fiabilité de toute l’architecture administrative du pays qui vacille. Ce qui se joue ici dépasse la Cité Fayçal : c’est la confiance dans la parole de l’État qui est en jeu.