Le monde connaît en ce moment une crise sanitaire qui éclipse toutes les autres crises, pour l’heure moins dangereuses pour l’espèce humaine (environnement, emploi/chômage, etc).
Les tentatives des gouvernements pour contrôler la propagation du Coronavirus (confinement, couvre-feu, fermeture des frontières, etc) provoquent des chocs économiques massivement négatifs. Les gouvernements et les banques centrales comme la BCEAO, la BCE et autres ont réagi en fournissant des milliers de milliards pour faire face à cette crise sanitaire dont l’ampleur n’a jamais été prévue dans aucune revue économique et sociale.
Au delà des bonnes mesures de la Bceao, je félicite la Banque Africaine de Développement d’avoir agit en mobilisant plus de 10 milliards de dollars pour aider les pays membres régionaux à lutter contre la propagation du Coronavirus sur le continent.
Si les institutions financières se battent pour empêcher une crise de liquidité, gardons à l’esprit que nous risquons d’être confrontés à une crise de solvabilité à la fin de la pandémie. Lorsque une entreprise emprunte sans être productive, c’est l’insolvabilité garantie. Raison pour laquelle la Bceao devrait baisser son taux de 2,5% à 00% pour atténuer les risques. Mais aussi, les banques doivent permettre aux entreprises d’emprunter 2 à 3 fois leur masse salariale mensuelle afin de leur donner des marges de manœuvre. Donc, après l’ordonnance du président de la République, Macky Sall, les banques doivent jouer le jeu pour ne pas annihiler les effets attendus de cette mesure.
Avec la mondialisation, tout choc exogène en j+1 se répercute chez nous le j+2. C’est le revers de la globalisation; la face sombre d’une dépendance interconnectée.
Comme je l’ai indiqué tantôt, cette crise sanitaire pourrait avoir des effets économiques dévastateurs à long terme. Malgré les décisions courageuses du président de la République pour empêcher les licenciements massifs et la faillite de *certaines* entreprises, nous n’arriverons pas à tenir très longtemps.
Cette crise a créé des électrochocs qui doivent nous permettre de nous remettre en question sur certains aspects purement humains.
Primo – L’impossibilité d’un confinement général due à notre mode de vie, plus sérieusement, cette impossibilité est due à la pauvreté chronique de nos populations, et cela doit nous interpeller sur les politiques de lutte contre la pauvreté menées depuis les indépendance. Avec des salaires faibles, un sous-emploi et une protection sociale limitée, bye-bye l’idée d’un confinement général et strict.
Secondo – Le déficit d’industrialisation nous pousse à importer masques et gels, et que sais-je encore. D’où l’impérieuse nécessité de nationaliser Médis-Sénégal temporairement, au moins jusqu’à ce que cette histoire se tasse.Si 302 milliards seront consacrés au paiement de la dette de l’Etat auprès de ses fournisseurs avec des règles et priorités de paiement, j’espère que les non prioritaires auront les reins assez solides pour tenir face à la récession et bénéficier de la résilience du système bancaire et de l’aide de l’État, qui il me semble, va injecter environ 200 milliards dans le secteur financier.Le risque de faillite des preneurs de risque
Le Sénégal est devenu depuis quelques années l’épicentre des startUps à fort potentiel de croissance. Ces StartUps au modèle économique disruptif survivent grâce aux mécanismes de financement spécifiques. Avec cette crise globalisée, les adeptes du capital-risque et du capital-investissement vont souffrir. J’espère que les StartUps, bien que bénéficiaires de la « Start-up Act » (loi relative à la création et la promotion des start-up entrée en vigueur le 28 décembre 2019) vont bénéficier d’un regard attentif du ministère des finances et du budget.
Les mesures de soutien du président de la République réduiront certainement l’impact de la crise sur certaines entreprises, néanmoins un soutien accru doit être apporté à certaines startUps qui vont innover dans le secteur de la livraison à domicile, la fabrication de masques et ceux mettant en place des dispositifs d’étude et de travail en ligne. Nous devons être capable de nous réadapter selon le contexte et les circonstances et protéger ces pépites, L’avenir de notre attractivité en dépend.Les cicatrices que laisseront le Coronavirus …
La pandémie de coronavirus sera finalement derrière nous, peut-être bientôt, peut-être pas. Quoi qu’il en soit, les cicatrices persisteront longtemps pour toute une génération d’entreprises et d’investisseurs.Ce type de cicatrices financières est moins une préoccupation immédiate que l’effet de cette crise aura sur les travailleurs en longue période de chômage technique, la menace d’une démondialisation plus rapide, la pression politique potentielle pour plus de dépenses publiques et des impôts plus élevés, sans parler de l’ampleur de la dette.
Ma plus grande préoccupation, est que la récession poussera les pays du monde à se retirer encore plus rapidement de la mondialisation, encouragée par l’excuse évidente de rendre les chaînes d’approvisionnement plus sûres. Nous savons quels peuvent être les coûts économiques de ces choses — cela nous appauvrirait tous.
Mouhamed Koudo
Conseiller en #Management stratégique et #Communication – #JeuneLeader