Ledakarois221- L’Europe concentre plus de la moitié des morts de la pandémie sur la planète. Les bilans quotidiens restaient encore élevés, vendredi, en Espagne, au Royaume-Uni et en Belgique.
Depuis son apparition dans la métropole chinoise de Wuhan en décembre, le nouveau coronavirus s’est étendu sur toute la planète, paralysant des continents entiers et obligeant 4,4 milliards d’êtres humains, soit près de 57 % de la population mondiale, à vivre confinés à des degrés divers.
Cette crise sanitaire sans précédent a, selon un dernier bilan publié vendredi 17 avril par l’AFP, coûté la vie à au moins 145 673 personnes et infecté au moins 2,1 millions d’hommes et de femmes dans 193 pays.
Tiraillés entre les impératifs sanitaires et l’urgence de minimiser les coûts sur l’emploi ou la croissance, les Etats avancent vers le déconfinement en ordre dispersé, malgré les mises en garde que de telles décisions risquent de provoquer une deuxième vague de contaminations.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’a répété : l’Europe, qui concentre plus de la moitié des décès et des cas de contaminations de la planète, est au cœur de la pandémie et ne doit « pas baisser la garde ». Malgré l’arrivée d’un relatif plateau dans les bilans des pays du Sud, l’organisation notait des « chiffres constants ou accrus » de contaminations au Royaume-Uni et dans l’Est.
Les bilans quotidiens de vendredi étaient encore très élevés, et ne donnaient pas de signes de baisse drastique :
- Le Royaume-Uni, qui a prolongé son confinement de trois semaines, a dénombré 847 morts de plus à l’hôpital, un bilan proche de celui de la veille (861 morts), qui porte à 14 576 le nombre total de victimes. Mais ce chiffre est sous-estimé, car il ne prend pas en compte les décès hors hôpitaux.
- En Espagne, la méthodologie pour compter les morts a changé afin d’homogénéiser les statistiques des différentes régions, ce qui a entraîné une modification des bilans des jours précédents. Le bilan total s’élève désormais à 19 478 décès, dont 585 dans les dernières vingt-quatre heures, selon le ministère de la santé.
- En Belgique, le nombre de morts continue une progression inquiétante avec 313 nouveaux décès quotidiens et 5 163 depuis le début de l’épidémie. Une majorité des décès surviennent désormais en maisons de retraite, et les spécialistes estiment que cette situation va perdurer durant quelques jours encore.
Arguant du ralentissement des admissions en soins intensifs et des hospitalisations, d’autres pays européens ont commencé à préparer le retour progressif à la normale, comme la Suisse, le Danemark, l’Autriche ou, dernièrement, la Slovénie :
- L’Allemagne, qui compte rouvrir certains magasins et, à partir du 4 mai, les écoles et lycées, estime avoir l’épidémie « sous contrôle », selon le ministre de la santé, Jens Spahn, qui précise qu’après quelque 1,7 million de tests, les autorités ont constaté que le taux d’infection est en baisse. Cet indicateur, qui mesure le nombre de personnes contaminées en moyenne par chaque malade, est descendu à 0,7, selon l’estimation de l’Institut Robert-Koch. C’est la diminution de ce taux qui conditionnait allègement des mesures de confinement.
- Le nombre des morts augmente fortement en Chine, qui dément toute dissimulation
Le bilan de l’épidémie en Chine s’est brutalement alourdi : la mairie de Wuhan, où le virus est apparu en décembre, a révisé ses chiffres avec 1 290 décès supplémentaires, portant le bilan officiel à 4 632 morts. Parmi les explications avancées par les autorités : la grande variété des structures hospitalières publiques et privées qui ont pris en charge les malades, des défauts dans la remontée d’information par des hôpitaux débordés, le manque de tests avant le 20 février et des problèmes informatiques.
Des doutes étaient émis depuis plusieurs semaines sur la véracité du bilan communiqué par les autorités chinoises. A la suite de cet ajustement, le ministère des affaires chinois a déclaré, par la voix de son porte-parole, Zhao Lijian, qu’il « n’y a jamais eu aucune dissimulation et nous n’autoriserons jamais aucune dissimulation ». Vantant la « réponse (…) irréprochable » de son pays à cette crise sanitaire, il a cependant reconnu « des retards » et « des omissions » dans l’enregistrement des décès.
Plus globalement, Washington, Paris et Londres ont, chacun, exprimé des doutes sur l’ensemble des informations fournies par la Chine au début de l’épidémie. « Nous menons une enquête exhaustive sur tout ce que nous pouvons apprendre sur la façon dont ce virus s’est propagé », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo. « Il y a manifestement des choses qui se sont passées qu’on ne sait pas », a embrayé le président français, Emmanuel Macron. Le Royaume-Uni a également averti la Chine qu’elle devrait répondre à des « questions difficiles » sur l’apparition du virus.
En cause notamment : l’origine du coronavirus, soupçonné d’être apparu dans un marché en plein air de Wuhan où des animaux exotiques étaient vendus vivants. D’origine animale et proche d’un virus présent chez des chauves-souris, il aurait pu s’y transmettre à l’homme et muter.
Mais des médias américains ont ouvert une autre hypothèse. Selon le Washington Post, l’ambassade des Etats-Unis à Pékin avait alerté il y a deux ans sur les mesures de sécurité insuffisantes dans un laboratoire local qui étudiait les coronavirus chez les chauves-souris. Et, d’après Fox News, le coronavirus actuel émanerait de ce laboratoire, même s’il s’agirait bien d’un virus naturel – et non d’un agent pathogène créé par les Chinois –. Sa « fuite » serait involontaire, conséquence de mauvais protocoles de sécurité. Zhao Lijian a balayé ces accusations : « De nombreux experts médicaux réputés dans le monde estiment que l’hypothèse d’une prétendue fuite n’a aucune base scientifique », a-t-il déclaré
- En pleine crise sanitaire, les Etats-Unis réfléchissent à la reprise économique
Les Etats-Unis, pays le plus touché au monde en nombre de décès (au moins 33 286) et en cas (au moins 671 425), a vu des secteurs entiers de son économie s’arrêter brutalement. Ce sont plus de 22 millions de personnes qui se sont inscrites au chômage au cours des quatre dernières semaines. Le président américain, Donald Trump, a révélé son plan pour faire redémarrer la première économie du monde.
Déterminé à réduire la facture économique, M. Trump a jugé qu’en raison du ralentissement de la pandémie « des grandes parties du pays pouvaient songer à rouvrir ». « La décision reviendra aux gouverneurs », a-t-il précisé, tout en estimant que certains Etats pourraient « littéralement » entamer le déconfinement « dès demain [vendredi] ». Les recommandations fédérales publiées par la Maison Blanche prévoient que les Etats s’appuient sur un certain nombre de critères précis pour renouer avec le cours de leurs activités en trois étapes. « Nous n’ouvrons pas tout d’un coup, on rouvre prudemment pas à pas », a précisé M. Trump.
Avec Lemonde