Dans une ambiance studieuse et suivie de près par les passionnés du ballon rond, la RTS a organisé un débat public réunissant six des sept candidats en lice pour la présidence de la Fédération sénégalaise de football (FSF). À quelques semaines du scrutin, chacun a exposé sa vision, ses priorités et sa stratégie pour impulser un nouveau souffle au football national. L’enjeu est de taille : consolider les acquis, professionnaliser les clubs, et bâtir un modèle durable pour l’ensemble des acteurs du football sénégalais.
Me Moustapha Kamara, une candidature académique et enracinée
Avocat de formation, docteur en droit du sport, Me Moustapha Kamara se présente comme un homme de réseau, avec une expérience de plus de deux décennies dans le milieu sportif. Fortement ancré à Tambacounda à travers le club Coton Sport, il se dit prêt à « apporter [sa] contribution au football sénégalais ». S’il reconnaît les avancées du football professionnel, il plaide pour une consolidation des acquis et une révision des statuts des joueurs, entraîneurs, académies et clubs formateurs. Il propose la mise en place d’un partenariat public-privé pour assurer un développement pérenne du football national.
Abdou Thierry Camara, pour un « football bond »
Ancien joueur formé à l’US Créteil et au PSG, Abdou Thierry Camara mise sur son expérience du football français et de l’événementiel pour impulser une dynamique économique forte. Il juge le système actuel trop dépendant de la bonne volonté des dirigeants. « Il faut dépasser l’image du président qui paie les joueurs de sa poche », affirme-t-il. Il appelle à une meilleure stratégie de vente des joueurs et à la création de centres de formation performants au sein de tous les clubs pour garantir la qualité et la viabilité financière du football professionnel.
Mady Touré, l’homme du terrain
Président fondateur de Génération Foot, Mady Touré revient avec une ambition renouvelée après une première tentative en 2013. Il défend une autonomie renforcée de la Ligue professionnelle et une refonte du modèle économique du football. Selon lui, « la fédération doit encadrer, mais laisser la ligue s’organiser pour se professionnaliser ». Il appelle également à harmoniser les calendriers locaux avec les fenêtres de transferts internationaux et à inciter chaque club à développer son propre centre de formation.
Omar Ndiaye, la voix du football amateur
Figure respectée, Omar Ndiaye met en avant la nécessité de recentrer les efforts sur le football amateur, qu’il considère comme le grand oublié de la gouvernance actuelle. S’il salue certains acquis du président sortant, il estime que « les clubs professionnels accaparent l’essentiel des ressources ». Son programme met l’accent sur le contrôle du paiement des salaires et une inspection de la Ligue professionnelle par l’État. Son objectif ultime : ramener la Coupe d’Afrique au Sénégal.
Me Augustin Senghor, la continuité assumée
Président sortant, Me Augustin Senghor brigue un nouveau mandat avec l’objectif de « retourner à la Coupe du Monde et ramener la CAN 2025 au Sénégal ». Il revendique une gestion structurée, qui a permis de protéger le « capital joueur sénégalais » et d’améliorer les conditions du football professionnel. Il annonce également la mise en place d’un tribunal arbitral du sport pour renforcer la protection des clubs amateurs. « Mon engagement est dicté par la passion et la volonté de consolider les acquis », déclare-t-il.
Aliou Goloko, entre image, innovation et expertise
Journaliste sportif bien connu, Aliou Goloko fait valoir une riche carrière dans les médias et la communication autour du football africain. Il souhaite moderniser le football sénégalais en y apportant des innovations concrètes comme l’introduction de la VAR pour limiter les violences dans les stades. Il propose également la création d’une « Maison de l’arbitrage Badara Mamaya » et insiste sur l’importance du financement et du sponsoring. « J’ai aidé le Jaraaf, Guédiawaye et Pikine à décrocher des sponsors. Le football, c’est d’abord une vision économique », défend-il.
Un absent remarqué : Abdoulaye Fall
Seul absent du débat, le candidat Abdoulaye Fall a préféré poursuivre sa campagne à Tambacounda. Sa position sur les grands enjeux du football sénégalais reste donc en suspens.
Ce débat à la RTS aura permis aux Sénégalais de mieux cerner les ambitions et priorités de chaque candidat. Entre continuité, réformes structurelles et innovations, le scrutin à venir s’annonce déterminant pour l’avenir du football national.