Demain, jeudi 1er mai 2025, à l’occasion de la Journée internationale du travail, les travailleurs du monde entier feront entendre leurs voix. Au Sénégal, à l’image des autres centrales syndicales, le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (SYNPICS) s’apprête à déposer le traditionnel cahier de doléances du secteur des médias. Mais cette année, l’exercice prend un relief particulier. Le nouveau secrétaire général du SYNPICS, Moustapha Cissé, fraîchement élu, héritera d’un rituel syndical qui, contexte oblige, revêt un caractère d’urgence.
Le secteur des médias est à la croisée des chemins. La précarité s’installe durablement, nourrie par une série de crises silencieuses : gel des conventions commerciales avec l’État, régulations drastiques, suppressions d’emplois, retards de salaires, et fermeture de plusieurs publications. Pour Moustapha Cissé, cette première sortie officielle est bien plus qu’un symbole : elle est l’expression d’un malaise profond dans une corporation fragilisée à tous les niveaux.
La conjoncture actuelle est particulièrement préoccupante. La viabilité économique des entreprises de presse est mise à mal, et les structures les plus modestes peinent à survivre. Le gel de toutes les conventions publicitaires et commerciales entre l’État et les organes de presse a asséché les rares sources de revenus du secteur. À cela s’ajoute le retard dans le décaissement du Fonds d’appui aux médias, censé soulager les entreprises les plus en difficulté. Ce blocage serait lié à la mise en œuvre d’une nouvelle politique de régulation du secteur, jugée plus stricte par les professionnels.
Dans ce climat tendu, les appels au dialogue du patronat de presse sont restés sans suite. Moustapha Cissé présentera donc, demain, au président Bassirou Diomaye Faye, un cahier de doléances qui va au-delà des revendications techniques ou salariales habituelles. Il s’agira d’exiger une politique de soutien plus ambitieuse pour garantir la survie du secteur. Le respect strict de la Convention collective en vigueur, déjà jugée obsolète au regard du coût de la vie, devra s’accompagner de négociations en vue d’une nouvelle Convention ou de conventions maison plus adaptées aux réalités des rédactions.
Le message que compte faire passer le SYNPICS est clair : affaiblir la presse, c’est fragiliser la démocratie. À l’heure où les médias indépendants jouent un rôle crucial dans la consolidation de l’État de droit, leur précarisation constitue une menace directe pour les libertés fondamentales.