C’est le 19 décembre dernier que Mme Ngoné Mbengue, première adjointe au maire de Dakar, a commencé à assumer provisoirement les fonctions de Barthélémy Dias à la tête de la Ville de Dakar. Aujourd’hui, les trois mois prescrits par la loi sont dépassés et le conseil municipal convoqué.
Le Conseil municipal de Dakar, convoqué à l’Hôtel de Ville, a délibérer sur plusieurs points, notamment l’installation d’un nouveau maire et l’examen du budget 2025. Cette réunion a marqué une étape cruciale dans la gouvernance de la capitale sénégalaise, après la démission forcée de Barthélémy Dias.
D’après le journal Point Actu, la convocation, signée par Ngoné Mbengue, détaille un ordre du jour chargé : l’installation d’un conseiller municipal pour remplacer Barthélémy Dias, l’adoption du Plan triennal d’investissement 2020-2027, du Plan Annuel d’Investissement 2025 et du Plan Annuel de Renforcement des Capacités (PARCA) 2025, ainsi que des questions budgétaires incluant une autorisation spéciale de recettes et dépenses et un virement de crédits.
Cette transition est partie de la décision du préfet de Dakar qui a officiellement déclaré Barthélémy Dias démissionnaire de ses fonctions de maire le 13 décembre dernier. Une démission qui découle d’une requête déposée par Beyna Guèye, un électeur de la commune de Mermoz, après la radiation de Barthélémy Dias de l’Assemblée nationale. Ngoné Mbengue, responsable du mouvement Taxawu Sénégal et première adjointe depuis août 2023, occupe le fauteuil de maire par intérim jusqu’à l’élection d’un nouveau maire au suffrage indirect. Du même bord politique que Barthélémy Dias, elle s’est vu confiee la lourde tâche de diriger la Ville en cette période de transition.
La Cour d’appel de Dakar, qui avait statué sur la révocation du maire de la Ville de Dakar, avait rejeté la requête de Barthélemy Dias. Elle vient ainsi de débouter l’ex-maire de la capitale sur sa révocation prononcée par le Préfet du département de Dakar. D’ailleurs, le professeur de Droit constitutionnel, Ismaïla Madior Fall, par ailleurs, ancien Garde des sceaux, ministre de la Justice, soutenait que “l’acte du Préfet est légal”, car “fondé en Droit”. D’après le constitutionnaliste, le Préfet de Dakar n’avait pas révoqué Barthélemy Dias, mais il avait constaté sa démission en tant que conseiller. Au regard de l’article 277 du Code électoral, “l’acte du Préfet est légal”, faisait savoir M. Ismaïla Madior Fall, tout en précisant que l’ex maire de Dakar avait la possibilité d’attaquer la décision en Justice. Seulement voilà, la loi encadre le “mandat” de Mme Ngoné Mbengue.
Première adjointe au maire, Mme Mbengue a pris les rênes de la mairie comme prescrit par la loi. Mais, son “mandat” ne peut aller au-delà de trois.
Installée le 19 décembre, Mme Ngoné Mbengue a bouclé plus de trois mois à la tête de la mairie. Autant dire que depuis le 20 mars dernier, la remplaçante de Barthélémy Diaz est dans l’illégalité. Mais le conseil municipal est convoqué, sans doute pour élire son nouvel édile. Du côté de la ville de Dakar, c’est le calme plat pour l’heure. Il reste que les différentes factions affûtent leurs armes. Une sourde bataille avait été signalée à la mairie de Dakar. Une combat discret, engagé à 3 mois de l’élection du nouveau maire. La révocation du désormais ex-maire de Dakar, Barthélémy Dias, avait installé un jeu d’alliances au sein du conseil municipal. Chaque camp fourbissait ses armes.
L’enjeu étant le contrôle du poste de maire de Dakar à quelque vingt-deux mois des premiers Jeux olympiques de la jeunesse. Barthélémy Dias, ancien allié du parti Pastef et de son chef Ousmane Sonko, mais devenu depuis son adversaire, a été condamné en 2017 à deux ans de prison, dont six mois ferme, pour la mort par balle de Ndiaga Diouf, en 2011 dans un contexte de violences politiques. Cette condamnation a été confirmée en appel en 2022 et validée par la Cour suprême en 2023.
Auparavant, l’ex-maire de Dakar avait été radié de l’Assemblée nationale. Le président du parlement avait invoqué la Constitution et le règlement intérieur de l’Assemblée. Un député qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive est radié de la liste des députés sur demande du ministre de la Justice, selon la Constitution. M. Dias, élu député en 2022, avait conservé son siège dans l’ancienne Assemblée sous une autre majorité. Le Conseil constitutionnel avait validé en octobre sa candidature aux législatives de novembre. Aujourd’hui, deux grandes factions politiques sont favorites sur quelque cinq familles en lice. Il s’agit de Pastef et de Taxawu. Mais davantage Taxawu que Pastef.
Le candidat pressenti de Khalifa Sall, Bira Kane, son ex-directeur de cabinet, a la faveur des pronostics. Fort de 32 conseillers, Taxawu a toutes les chances de l’emporter. Un obstacle pourrait, à la dernière minute, se dresser sur le chemin du candidat de Khalifa. Faute de consensus au sein de Taxawu et autour de Bira Kane, repêché avec la radiation de Barthélémy Dias, Khalifa Sall pourrait voir son rêve brisé. Un autre mystère plane sur Taxawu, il s’agit de l’impact de la défection de deux de ses conseillers dont le maire des HLM, Moustapha Diop. Dans le camp de Taxawu, on prête à Khalifa Sall l’intention de présenter un candidat. Il faut également compter avec la volonté de Barthélémy Dias, lui-même affaibli par une vague de mécontents frustrés par sa gestion.
Dans ce jeu d’influence, le PDS, le PUR et les partisans de Mme Soham Wardini, gardent intactes leurs intentions de vote. L’autre favori du scrutin est Pastef. Les conseillers de Pastef sont au nombre de 12, très en deçà des 32 de Taxawu proches de Khalifa Sall et des 33 élus de Benno Bokk Yaakar. Le Pastef est un sérieux candidat à la mairie, en dépit de ses 12 conseillers. Le parti présidentiel risque, en effet, de tirer profit des divisions au sein de Benno Bokk Yaakar. Dr Malick Diop, vice-président de l’Assemblée nationale dans la XIVe législature et porte-parole de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) est en conflit avec Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République (APR). Cette situation divise BBY en deux camps opposés. A cela s’ajoute le départ de l’ancien ministre Abdoulaye Diouf Sarr.
Leral