Dans une ambiance politique de plus en plus tendue, la société civile sénégalaise n’échappe pas aux critiques.
Le Premier ministre Ousmane Sonko, connu pour ses prises de position tranchées, a récemment qualifié certains membres de la société civile de “fumiers”, suscitant une vague d’indignation. Parmi les voix qui se sont
élevées pour répondre, celle d’Alioune Tine, figure respectée du militantisme des droits humains, se distingue par son ton à la fois
ironique et ferme.
Interrogé par L’Observateur, le fondateur du think tank Afrika Jom Center a choisi de répliquer avec humour : « C’est trop grave. Je ne souhaite pas répondre à ses attaques en tant que doyen des fumiers (rires). » Une manière subtile de désamorcer la charge verbale tout en soulignant l’absurdité de l’insulte.
Mais au-delà de la plaisanterie, Alioune Tine n’élude pas le fond du débat. Il appelle le Premier ministre à donner suite à son intention de faire voter une loi interdisant les financements étrangers pour les organisations de la société civile. « Ce serait une bonne chose », estime-t-il, tout en balayant les soupçons d’instrumentalisation par des bailleurs internationaux : « Il pense que c’est l’argent qui nous intéresse, mais il se trompe encore. »
L’ancien président de la Raddho revendique l’indépendance financière de son organisation. « À Afrika Jom Center, on a fonctionné trois ans sans financement, sans sous. Ce n’est pas l’argent qui nous fait exister. Avec ce qu’on gagne dans la consultance, on fonctionne mieux et on est plus efficace ».
Une déclaration qui se veut preuve de résilience et de crédibilité dans un contexte où les ONG sont souvent accusées de rouler pour des intérêts extérieurs. Ce nouvel épisode dans les relations déjà tendues entre le pouvoir et la société civile souligne l’importance d’un dialogue respectueux dans un État démocratique.
Si la critique est légitime, elle ne saurait justifier les attaques ad hominem, encore moins les tentaives de discrédit systématique. Alioune Tine, fidèle à son style, oppose à la nervosité politique une posture à la fois apaisée et déterminée celle d’un militant qui, après des décennies de combat, sait que la dignité vaut bien plus que la polémique.
Ledakaarois