Jusqu’où iras-tu dans la provocation, la menace et l’intimidation ?
Combien de temps encore allons-nous faire semblant de ne pas entendre la voix d’un homme qui, dans ses fonctions régaliennes, parle et agit comme un chef de clan, rêvant tout haut d’un pouvoir dictatorial ?
Il y a deux mois, devant la représentation nationale, tu affirmais que tu allais « t’impliquer personnellement » pour faire taire des chroniqueurs jugés trop critiques. Hier encore, tu as franchi le rubicon en déclarant que si tu étais président de la République, « certaines personnes ne parleraient plus ».
Ces propos ne sont ni des lapsus ni des excès de langage. Ce sont les mots d’un homme qui ne supporte ni la contradiction, ni la critique, ni la liberté d’expression.
Et ces déclarations ne sont pas isolées. Elles s’ajoutent à une longue série de menaces et d’attaques contre l’opposition, la presse, la société civile, les institutions ; en somme, contre la liberté et la démocratie. Chaque mot que tu prononces, chaque promesse que tu formules, chaque menace que tu profères révèle ce que tu es vraiment : un dictateur en puissance, dissimulant de moins en moins son projet de gouvernance totalitaire.
Tu dis vouloir «effacer» les voix discordantes. Mais tu dois savoir que nous avons choisi la République. Et la République n’a pas vocation à faire taire. Elle protège la liberté d’expression. Elle garantit la coexistence des opinions, même les plus critiques. Elle encadre cette liberté et, en cas d’abus, en confie la sanction à l’autorité judiciaire.
Tu dis que certains ne parleraient plus. Mais qui t’a donné ce pouvoir ?
Le silence que tu veux imposer à d’autres est celui que redoutent tous les peuples qui ont vu naître des tyrannies sous des promesses de rupture.
Alors oui, j’ose te poser, comme Cicéron à Catilina, cette question :
Jusqu’à quand abuseras-tu de notre patience ?
Jusqu’à quand continueras-tu à parler au nom du peuple pour mieux l’abuser ?
Jusqu’à quand penseras-tu que ta volonté fait loi, que ta parole fait vérité, que ta personne est au-dessus de toute critique ?
Le Sénégal n’est pas une propriété privée.
Le pouvoir ne confère pas le droit d’effacer qui l’on veut.
Et la démocratie ne saurait se plier aux caprices d’un homme incapable de supporter la contradiction.
Nous resterons debout.
Nous parlerons.
Et nous rappellerons, chaque fois que nécessaire, que la liberté est un droit constitutionnel, non une faveur octroyée par un prince.
IHD