Délégué épiscopal au dialogue interreligieux, Abbé Alphonse Birame Ndour, a représenté Mgr André Guèye, archevêque de Dakar, lors de l’atelier national sur le discours religieux organisé par la Présidence de la République. Du 21 au 23 octobre à l’hôtel Palm Beach de Saly, les différentes familles religieuses du pays ont réfléchi ensemble au rôle du discours religieux dans la consolidation de la citoyenneté et de la cohésion sociale.
L’Abbé Ndour a pris le temps de montrer les correspondances entre ces valeurs ancestrales et l’enseignement du Christ. Le jour renvoie à la conviction biblique que tout être humain est créé à l’image de Dieu. Le muñ rappelle la persévérance du Christ face à l’adversité. Le kersä s’accorde avec l’humilité évangélique. Le ngor rejoint l’appel à une justice authentique. La téranga illustre l’amour du prochain et l’accueil de l’étranger, si chers au cœur de l’Évangile. La sutura reflète la charité qui protège la dignité de chacun
« Le Sénégal est reconnu dans le monde comme un espace singulier où la diversité n’est pas synonyme de division, mais de dialogue, de coexistence pacifique et d’enrichissement mutuel », a déclaré l’abbé Ndour en ouverture de sa présentation. Cette stabilité sociale repose, selon lui, sur des valeurs profondément ancrées dans la société sénégalaise.
L’Église en identifie six principales : le jom (dignité, honneur), le muñ (patience, persévérance), le kersä (pudeur, respect), le ngor (intégrité, droiture), la téranga (hospitalité, générosité) et le sutura (discrétion, sens de la retenue).
« Ces valeurs constituantes pour nous chrétiens ce que nous appelons des pierres d’attente de l’Évangile, car elles rejoignent en profondeur les valeurs chrétiennes de la dignité de la personne, de l’espérance, de l’humilité, de la justice, de l’amour fraternel et de la charité », a souligné le délégué épiscopal.
Pour l’Église sénégalaise, l’annonce de l’Évangile ne s’est pas faite en rupture avec les traditions locales. Au contraire, elle s’est construite comme une rencontre, une alliance avec le trésor culturel préexistant.
Abbé Alphonse Birame Ndour a clairement posé le cadre du rôle de chaque acteur. « L’acteur principal, le protagoniste, c’est l’État, car c’est son rôle et sa mission primordiale de maintenir notre nation fidèle à nos valeurs culturelles, et de garantir la cohésion et la stabilité de notre pays », a rappelé l’abbé Ndour.
Les religions et les autres acteurs doivent y contribuer selon leur spécificité. « L’un des principes d’action de l’Église au Sénégal est d’être aux côtés de l’État, avec les autres forces vives de la nation », a ajouté le délégué épiscopal, en référence à la Doctrine Sociale de l’Église qui préconise une autonomie réciproque entre l’Église et la communauté politique, sans séparation excluant leur coopération.
L’Église garde néanmoins sa liberté d’action. « Dans cette collaboration, l’Église au Sénégal garde toute sa liberté, intervenant, au besoin, à contre temps, avec la charité évangélique, pour que vive la justice », a précisé l’Abbé Ndour.
Le représentant de l’archevêque a rappelé l’action concrète de l’Église catholique dans plusieurs domaines. Dans l’éducation, les établissements catholiques, ouverts à tous sans distinction religieuse, forment les élites du pays et transmettent des valeurs humaines et citoyennes.
Dans la santé, l’Église gère des dispensaires, hôpitaux et centres de santé, souvent dans des zones reculées. Dans le développement social, les Caritas et paroisses accompagnent les initiatives d’autonomisation, de formation professionnelle et de microfinance solidaire.
L’institution catholique sensibilise aussi les communautés à une gestion responsable de la nature, dans la lignée de l’encyclique Laudato Si’ du pape François. Elle travaille aux côtés des autres confessions pour promouvoir la justice, le respect des droits humains et la réconciliation.
« L’Église se tient comme ferment, comme levain dans la pâte, en rappelant que nous sommes tous responsables les uns des autres », a conclu l’Abbé Alphonse Birame Ndour, saluant la qualité du dialogue interreligieux au Sénégal et appelant à poursuivre ce chemin commun pour les générations futures.