Les forces armées maliennes (FAMa) et leur allié russe, le groupe Wagner, seraient responsables de dizaines d’exécutions sommaires et de disparitions forcées d’hommes de l’ethnie peule depuis janvier 2025, selon un rapport de Human Rights Watch publié aujourd’hui.
L’organisation exhorte l’Union africaine (UA) à intensifier ses efforts pour faire pression en faveur d’enquêtes et de poursuites.
Depuis plus de trois ans, l’armée malienne et le groupe Wagner mènent des opérations conjointes contre des groupes armés islamistes, notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM), lié à Al-Qaïda.
Dans ce contexte, les soldats maliens et les combattants de Wagner auraient ciblé la communauté peule, les accusant de collaborer avec ces groupes.
Une campagne de contre-insurrection marquée par des atrocités
Human Rights Watch a documenté des cas d’au moins 12 exécutions sommaires et 81 disparitions forcées d’hommes peuls depuis janvier.
Selon l’ONG, des témoins ont rapporté que ces abus se sont produits lors d’opérations de contre-insurrection dans plusieurs régions du pays.
Un exemple frappant cité par le rapport est celui du village de Sebabougou, dans la région de Kayes, où l’armée et les combattants de Wagner auraient exécuté 65 éleveurs et marchands de bétail peuls en avril, après les avoir rassemblés et conduits vers un camp de l’armée.
Le meme document indique que le 30 mars, à Belidanédji (région de Ségou), des soldats maliens et des combattants de Wagner auraient exécuté sommairement au moins six civils peuls en fuite.
Un appel urgent à l’Union africaine
Human Rights Watch souligne la responsabilité de la junte militaire malienne dans ces exécutions et disparitions forcées.
« La junte devrait mettre fin aux abus, révéler où se trouvent les personnes détenues, mener des enquêtes et traduire les responsables en justice« , a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à Human Rights8 Watch.
L’organisation insiste sur la nécessité pour l’UA d’exercer une pression significative sur les autorités maliennes afin qu’elles enquêtent sur ces allégations graves, jugent équitablement les responsables et accordent des réparations aux familles des victimes.
Le droit international bafoué et la responsabilité des dirigeants
Les abus documentés, notamment les détentions au secret, constituent des disparitions forcées, violant la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, dont le Mali est signataire.
« Toutes les parties au conflit malien sont soumises au droit international humanitaire, interdisant le meurtre, les traitements cruels et la torture des personnes détenues. Les individus commettant de graves violations du droit de la guerre peuvent être poursuivis pour crimes de guerre ».