Notre Cheikhou Cherifou national a trop de temps entre les mains. Il se mêle de tout et de rien. C’est un homme de détails et un rentier des tensions. Il est capable de concurrencer Satan. Il a réussi à installer dans le débat sénégalais un clash entre chrétiens et musulmans et pourtant ce problème de voile reste entièrement juridique.
Toutes les personnes sensées, toutes les personnes responsables auraient mieux à faire que d’étaler sur la place publique certaines décisions, pour au moins nous éviter un éternel recommencement.
Cette affaire des filles voilées dans les écoles privées catholiques que nous pensions au départ comme anodine a pris des proportions inquiétantes dans un pays où le vivre ensemble a toujours prévalu sur les différences ethniques, religieuses, politiques etc…
Cette affaire a provoqué une fracture au sein de la société. Cela a été perceptible à travers les débats tant sur les réseaux, les plateaux télé que les micro-trottoirs.
En effet, d’abord, cette affaire est indissociablement liée à une histoire de foi, filles musulmanes voilées versus « écoles catholiques ». Or, de tous les éléments d’identité personne (sexe, ethnie, origine…) la foi est celui qui suscite le plus de passion. Cela se comprend aisément car la foi est ce lien qui unit l’homme à un être surnaturel auquel il voue un culte à travers des rites et pour lequel il peut être prêt à consacrer des sacrifices allant jusqu’à la mort.
Ce caractère religieux de l’affaire a fait que le débat n’a pas été serein dans la mesure où la foi l’a emporté sur la raison et le droit. La majorité des chrétiens avec lesquels j’ai échangé sur ce sujet ont pris fait et cause pour l’Abbé André Ndiaye, indexant une laïcité à deux vitesses. De même, la majorité des musulmans ont soutenu les filles voilées au motif que le Sénégal est un pays à majorité musulmane et que les écoles catholiques doivent prendre cela en compte.
Ces positions radicales ont nécessairement poussé les gens à militer pour des solutions également radicales : fermeture des écoles, placement sous administration publique, retrait des filles…
Loin de contribuer à une solution viable et durable, ces positions n’ont fait qu’envenimer la situation.
Pour notre part, nous pensons que la solution à ce problème doit être juridique.
En effet, dans un Etat de droit où toute les personnes et entités (institutions, autorités publiques, entreprises, particuliers…) sont soumises à la loi, soit qu’elle punisse, soit qu’elle protège; le droit doit avoir le dernier mot. Le masla (compromis bien sénégalais) peut être une bonne chose, mais force doit rester à la loi afin que vive la République et l’Etat de droit. Quand un litige survient, il convient quelques fois de lui donner une réponse sur le plan juridique au lieu d’une conciliation qui peut semer le doute et le flou.
La meilleure preuve à cela est que ce PM brouillon toujours dans son populisme n’a pas pu se faire entendre.
L’Etat sénégalais laïc accorde une grande tolérance à la pratique religieuse.
Au plan constitutionnel, le caractère laïc de l’Etat est affirmé à l’article premier de la constitution, tout en réservant une place aux « Religions et Communautés Religieuses » au titre II traitant des libertés publiques et de la personne humaine.
À ce titre, l’article 19 dispose que :
« La liberté de conscience, la profession et la pratique libre de la religion, sous réserve de l’ordre public, sont garanties à tous. Les institutions et les communautés religieuses ont le droit de se développer sans entrave. Elles sont dégagées de la tutelle l’Etat. Elles règlent et administrent leurs affaires d’une manière autonome ».
DANS LA PRATIQUE,
Inutile de développer ce point tellement il coule de source. Il suffit de poser pied au Sénégal pour se rendre compte que la religion est pratiquée sous toutes ses formes de manière totalement libre. Il y a eu toujours, sinon une coopération, du moins une intelligence entre les pouvoirs politique et spirituel dans l’émergence de notre Etat-Nation.
L’avènement du premier Président de la République du Sénégal Léopold Sédar SENGHOR, de confession catholique dans un pays à majorité musulmane n’y changea rien. À cet égard, les témoignages du Président SENGHOR et du khalife des mourides, Serigne Fallou MBACKE sont édifiants.
L’Etat ne fait pas que tolérer l’expression cultuelle, il y prend part à travers des délégations officielles dépêchées lors des cérémonies religieuses des différents cultes. Ainsi, en dehors des grandes manifestations religieuses telles que les « gamous » ou pèlerinages catholiques il n’est pas rare que les autorités administratives déconcentrées dans les endroits les plus reculés du pays assistent en qualité de représentants étatiques (sous-préfets, préfets, gouverneurs…) à la prière de Korité ou Tabaski en se présentant à l’imam.
Enfin, les chefs d’Etats successifs ont toujours affirmé une conception laïque très libérale à l’égard du culte.
Pour le président SENGHOR :
« Notre État est laïc, il n’y a pas de religion d’État, mais nous coopérons avec les communautés religieuses » ;
« Lundi dernier, le Chef de l’État assistait au Pèlerinage national catholique au Sanctuaire Marial de Popenguine. Aujourd’hui, il est présent à l’inauguration de la grande Mosquée de Touba. Cette double présence n’étonnera que ceux qui persistent à ignorer l’Afrique et ses réalités. Pour nous, Sénégalais, ce sont, là, les fondements de notre politique nationale »
Selon le président Abdou DIOUF, musulman marié à une catholique :
« la laïcité ne saurait être antireligieuse : ce ne serait d’ailleurs pas une véritable laïcité, ce serait comme, hélas, dans certains pays, instituer l’athéisme comme religion d’État » ;
Le président Abdoulaye WADE, fervent fidèle d’une des plus importantes confréries du pays, le « mouridisme » avait émis l’idée de supprimer de la constitution la référence à la laïcité lors du projet constitutionnel de 2001. Cette idée a été rejetée. Inutile de préciser que la pratique étatique du Président WADE a poussé davantage l’imbrication entre institutions publiques et entités religieuses. Ce qui lui aura valu des critiques sommes toutes légitimes.
Le Président Macky SALL a proposé un projet de référendum constitutionnel visant notamment à « moderniser le régime politique, à renforcer la bonne gouvernance ainsi qu’à consolider l’Etat de droit et la démocratie ». Dans cette optique, ce projet comportait en son point 15 l’intangibilité de la forme laïque l’Etat. Cette disposition suscita une vive opposition des milieux religieux et d’une partie de la société civile. Ce point sera retiré du projet adopté le 20 mars 2016.
En définitive, il ressort clairement que la laïcité sénégalaise n’est pas une laïcité hostile à l’expression des convictions religieuses. L’Etat et les cultes ont toujours entretenu une dialectique bienveillante, presque jamais conflictuelle.
Ce caractère particulièrement atypique de notre laïcité peut nous amener à nous demander avec Rachid Id Yassine, Maître de conférences en sciences sociales à l’Université Gaston Berger, s’il y a une laïcité à la sénégalaise ? (lien ici)
En application de ces dispositions, un établissement d’enseignement privé est :
- tout établissement crée sur initiative privée.
- qui propose un enseignement, soit sur la base des programmes officiels, soit dont le programme a été validé par l’autorité publique.
- qui est tenu de présenter ses élèves aux examens organisés par l’Etat.
Au regard de ces éléments factuels, il ressort que les écoles catholiques ont bien le caractère d’un établissement d’enseignement privé.
Les écoles privées catholiques ne sont pas des structures cultuelles au sens de la loi car elles ne sont pas :
- Des écoles coraniques
- Des écoles de catéchisme
- Des établissements exclusivement destinés à la formation des ministres du culte
Dans le cas inverse, elles seraient placées sous l’autorité du ministre de l’intérieur qui est en charge des cultes.
Or, les écoles sont bien du ressort du ministre de l’éducation nationale.
Donc, il ne suffit pas qu’une école soit fondée par des religieux pour qu’elle soit considérée comme islamique ou catéchiste. Encore faut-il que son activité soit exclusivement destinée à l’enseignement du culte.
Contrairement à l’appellation courante, « écoles catholiques » en ce sens qu’elles ne relèvent pas du statut d’école de catéchisme destinée à l’enseignement exclusif du culte en vertu de la loi n° 94-82 du 23 décembre 1994 portant statut des établissements d’enseignement privés. Il s’agit d’un établissement privé d’enseignement. À ce titre, elles mettent en œuvre le programme officiel de l’éducation nationale, présentent leurs élèves aux examens nationaux.
En conclusion c’est un débat juridique qui doit se poser dans le respect strict des droits de chacun.
Malheureusement, ce clown en costard à la primature dandinant dans son éternelle casquette de menteur, pense détenir le monopole de l’insolence. Et chaque fois que quelqu’un lui répond au prorata de son indiscipline, on demande à cette personne de ne pas descendre aussi bas.
On ne cessera jamais de lui demander de faire sa déclaration de politique générale et celle de son patrimoine de milliardaire.
On lui rappellera chaque fois, qu’ils ont emprisonné un imam pour avoir défendu l’islam et un activiste pour avoir démonté leurs mensonges.
Et ces E-mbam qui au lieu de prêcher pour la paix, la stabilité du pays mettent de l’huile sur le feu, eh ben…
La responsabilité est lourde et les sénégalais qui ont cru en leur fameux “projet” s’impatientent. Ils sont comme des cocotte-minutes, cela peut exploser à tout moment.
Ce pays va mal et nos pensées vont vers Bah Diakhaté et Imam Cheikh Ahmed Tidiane Ndao. Qu’Allah continue de veiller sur eux !
Toujours de très belles contributions. Malheureusement ce pays est malade, ces citoyens sont malades.