Alioune Sall, ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, a déclare ouvert ce 27 octobre ouvert le Salon International des Médias d’Afrique au Théâtre national Daniel-Sorano, en présence de nombreux professionnels et représentants d’institutions nationales et internationales.
Dans son allocution, le ministre déclare que le monde connaît une transformation profonde du paysage médiatique. Les frontières entre médias traditionnels et numériques s’effacent. Les technologies de l’intelligence artificielle, de la réalité augmentée et des plateformes sociales redéfinissent la production et la consommation de l’information.
L’Afrique, longtemps spectatrice de ces mutations, est désormais pleinement actrice. Des rédactions africaines adoptent l’intelligence artificielle pour automatiser les tâches de vérification, des startups africaines développent des outils de journalisme de données, et de jeunes créateurs de contenus influencent des millions de citoyens.
Mais ces avancées technologiques doivent s’accompagner d’une réflexion éthique et d’une gouvernance responsable. Car si le numérique ouvre des perspectives inédites, il porte aussi des risques nouveaux.
En effet, nous vivons une époque où la frontière entre l’information et la désinformation s’est dangereusement estompée. Les plateformes numériques, qui devaient être des espaces d’ouverture, de partage et de créativité, sont trop souvent devenues des terrains de manipulation, de propagation de discours de haine et de désinformation. Ces dérives menacent directement la stabilité de nos nations, la paix civile et la cohésion sociale, socle même de nos sociétés africaines.
Face à ce défi, le rôle de la presse devient plus crucial que jamais. Elle n’est plus seulement le relais de l’actualité, mais le rempart moral et professionnel contre la déformation du réel. Elle doit être la boussole de vérité dans un océan d’informations contradictoires.
C’est à la presse, à travers le respect des règles déontologiques, la vérification rigoureuse des faits, et le refus de la précipitation, qu’il revient de restaurer la confiance du public. Car dans un monde saturé d’images et de rumeurs, la crédibilité demeure la première richesse du journaliste.
J’en appelle ici à la responsabilité partagée : celle des médias, des journalistes, mais aussi des pouvoirs publics et des acteurs des plateformes numériques. Nous devons ensemble promouvoir un environnement médiatique sain, qui protège la liberté d’expression tout en luttant fermement contre les discours qui divisent et détruisent.
Le Sénégal, fidèle à sa tradition démocratique et à son attachement à la paix, entend jouer un rôle moteur dans cette bataille mondiale pour la vérité.
À travers nos réformes, nos institutions de régulation et nos programmes de formation, nous œuvrons pour une presse forte, professionnelle et éthique, capable d’être un rempart contre la haine et un vecteur d’unité nationale et africaine.
Le Salon international des médias d’Afrique n’est pas qu’un espace d’exposition. C’est une plateforme de réflexion, de partage et d’action. C’est d’ailleurs tout le sens à donner aux différents panels de la Conférence sur le droit à l’information. En effet, il est important de procéder à la radioscopie de la situation des médias dans le continent et de faire de Dakar le point de départ d’une nouvelle dynamique africaine pour continuer à assurer à nos populations, le droit à l’information, mais surtout à une information sûre et fiable, nous l’appellerons, la Déclaration de Dakar.
Le ministre précise ainsi que nous devons bâtir les fondements d’un écosystème africain des médias capable de rivaliser, de coopérer et d’innover à l’échelle mondiale.
Nos priorités doivent être claires :
- Former et professionnaliser nos journalistes à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle.
- Renforcer la coopération Sud-Sud, afin de mutualiser nos ressources et nos expériences.
- Encourager la production de contenus africains reflétant nos réalités, nos cultures et nos aspirations.
- Et surtout, réconcilier le citoyen avec sa presse, en restaurant la confiance, la rigueur et l’exigence de vérité.
La formation continue, l’accès aux outils numériques et le renforcement des capacités doivent être au cœur de notre agenda.
Sans journalistes bien formés, sans médias économiquement viables, la liberté d’informer reste une illusion
Le temps est venu de réfléchir sérieusement à l’économie des médias en Afrique. Il faut inventer de nouveaux modèles d’affaires, et de gouvernance, soutenir les startups médias, favoriser l’investissement privé et public, et créer des mécanismes durables de soutien à la presse.
Le marché international de contenus ouvert ici à Dakar à l’occasion du SIMA est une initiative majeure. Il doit permettre à nos talents, producteurs et professionnels des médias de vendre, acheter, échanger, créer de la valeur.
L’avenir du journalisme africain ne se joue pas dans la dépendance, mais dans la créativité, la solidarité et la responsabilité.


