En conférence de presse cet après-midi à la primature, le Premier Ministre Amadou Bâ assisté du Ministre des Forces Armées, Sidiki Kaba, du ministre de l’intérieur Antoine Félix Diome et celui du commerce Abdou Karim Fofana, a axé l’entame de ses propos sur les tragiques évènements des 1er, 2et 3 juin 2023.
Le PM Amadou Ba s’est plongé sur les conséquences des manifestations de début juin consécutives à la condamnation en justice de Ousmane Sonko dans le cadre de l’affaire Sweet Beauté. Les pertes en vue humaines et les nombreux saccages et destructions de biens publics et privés ont fait l’objet de sa vive condamnation.
Pour leur trouver une cause, le chef du gouvernement, qui a répertorié en totalité les biens et édifices publiques vandalisées par les manifestants en furie, a essentiellement pointé du doigt la caravane de la liberté initiée par Ousmane Sonko qui, selon lui, a défié les autorités et promis de déloger le Président de la République Macky Sall du Palais présidentiel.
L’Ucad, les chantiers du BRT, des auchans et autres commerces appartenant à des privés, entre autres, ont été vandalisés, avance-t-il. D’un ton ferme, il a clairement indiqué que l’énormité des préjudices recommande qu’ils ne soient pas impunies.
“Si nous n’y prenons garde, les remparts de la démocratie vont s’effondrer. Toutes les personnes impliquées dans ces violentes manifestations seront punies”. La bonne nouvelle de sa déclaration à la presse, tous les mineurs et élèves arrêtés dans le cadre des manifestations ont été libérés”. Ce qui n’est pas le cas de tous les autres qui restent maintenus en prison, précise-t-il.
Amadou Ba a ensuite évoqué le respect de l’Etat de droit et de la gestion transparente du pays pour indiquer que le Gouvernement reste ouvert à toute question ne mettant pas en péril le secret défense.”Pour ce faire et loin des réseaux sociaux qui font dans la manipulation, ajoute le PM, le Gouvernement est conscient des enjeux de déstabilisation du pays. Et qu’à ce propos, l’Etat engagé à la préservation de la paix, tient aussi à faire appliquer la loi et à situer els responsabilités dans cette affaire de mœurs”.
À l’invite de leur patron, les ministres de la justice Ismaila Madior Fall et celui de l’intérieur Antoine Félix Diome ont répondu aux questions ayant trait à la non arrestation de Ousmane Sonko, malgré sa condamnation par la justice.
Les deux ministres se sont justifié par les délais de la justice et le “principe de précaution”, ce qui fait que l’opposant est toujours libre mais reste bloqué chez lui.
“Pourquoi Ousmane Sonko n’est pas arrêté ? Il faut que la décision (de condamnation) lui soit notifiée. La décision est en cours de rédaction”, a déclaré le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall.
“La justice sénégalaise est indépendante. Elle fonctionne à son rythme”, a-t-il ajouté.
Le ministre de l’Intérieur Antoine Diome a lui justifié les “restrictions” imposées à M. Sonko par les appels lancés par ce dernier à la “résistance”.
« Lorsqu’on n’est pas d’accord, on conteste et on fait valoir nos prétentions devant les instances habilitées », s’est insurgé le ministre de l’Intérieur dans la préambule de ses propos. Antoine Félix Diome déplore le non-respect des institutions judiciaires de la part du leader du Pastef, Ousmane Sonko. « On ne demande pas aux citoyens de sortir pour manifester au prix de leur vie et de l’assumer publiquement », observe-t-il. Le ministre de l’Intérieur estime que cette façon de faire n’est pas conforme au modèle sénégalais. « Nous pouvons avoir des divergences de points de vue, néanmoins, lorsque nous sommes amenés à être départagés sur des dépositions qui ne sont pas les mêmes, inévitablement, nous devons nous tourner vers les différentes instances désignées à cet effet », lance-t-il.
“Quelqu’un qui se lève pour dire qu’il va faire une caravane (un cortège), qu’il va faire des rassemblements sans déclaration (préalable)… on constate des décès, est-ce qu’on va le laisser faire le tour du Sénégal, faire des rassemblements et compter les morts derrière ? On ne peut pas”, a-t-il assumé
Poursuivant, Antoine Félix Diome a vivement déploré ce manque de pluralisme d’opinion dans l’espace public en déclarant que cela ne cadrait pas avec la tradition démocratique sénégalaise.
Revenant sur l’interruption de la “caravane de la liberté” initiée par Ousmane Sonko, le ministre de l’Intérieur donne les raisons : « On s’est rendu compte qu’à l’étape de Kolda, il y a eu un décès. Est-ce qu’un gouvernement responsable va laisser faire ? Des rassemblements respectant les formalités légales, avec des conséquences portant atteinte à l’intégrité physique des personnes et à leurs biens, sans agir ? Certainement pas ! »
Sur le même sujet, Antoine Félix Diome a tenu à rappeler les 4 principes régissant le maintien de l’ordre, à savoir la légalité, la nécessité, la proportionnalité et la réversibilité.
Il a indiqué que ces “restrictions” pouvaient être “progressives” et que les barrages autour de chez M. Sonko pouvaient être levés quand les autorités le jugeraient bon.
A leur suite, le ministre des Forces armées Sidiki Kaba a pris la parole pour s’exprimer sur les menaces d’une visée de la Cour pénale internationale (CPI) qui planent sur le régime présidentiel. Le ministre a botté en touche l’ensemble des accusations ayant trait à une quelconque violation des droits de l’Homme ou de cas de tortures. D’après l’ancien droit-de-l’hommiste, “le Sénégal est un État de droit qui applique le droit de l’Etat et qui l’applique aussi à ses concitoyens”. Sidiki Kaba considère comme de la “fanfaronnade” les menaces de traduction de certaines autorités sénégalaises devant la Cour pénale internationale. Cela vise, d’après lui, à saper le moral des forces de défense et de sécurité. Le ministre rectifie les adversaires du régime. “Ils n’en ont ni la possibilité ni la capacité”. Le ministre des Forces armées appelle en outre à déconstruire les accusations portées contre l’État du Sénégal.
Dans le registre des réponses aux questions des journalistes présents, le PM est revenu sur l’équation lancinante des préparatifs de la Tabaski et la rareté des moutons. C’est sans doute la célébration la plus attendue au Sénégal. L’Aid-el-kébir communément appelé “Tabaski” est prévue pour la fin du mois de juin. L’effervescence précédant cette fête est moins ressentie cette année, en grande partie à cause des récents événements qui secouent le pays. Au cœur de toutes les attentions pour cette fête, le mouton suscite plusieurs inquiétudes quant à sa disponibilité en quantité suffisante pour les Sénégalais.
Face à cette préoccupation, Amadou Ba se veut rassurant en soulignant la situation particulière à Dakar : “Je peux vous dire que le marché est globalement correctement approvisionné. En ce qui concerne spécifiquement les moutons, il y a un excédent sur le marché, sauf à Dakar.”
Le Premier ministre poursuit : “Mais, dans l’ensemble, le marché présente un excédent de plus de 30 000 moutons par rapport à la même période de l’année dernière. Nous avons un déficit à Dakar, qui peut s’expliquer par la situation que nous avons récemment traversée.”
Concernant la rareté constatée des points de vente de moutons dans la capitale, le chef du gouvernement estime que certains éleveurs affectionnent les rushs de dernières minutes. “Je peux vous annoncer que depuis le week-end dernier, ce sont pas moins de 4000 moutons qui arrivent à Dakar chaque jour”, dit-il.
Ce constat offre l’espoir d’un retour à la normale pour le chef du gouvernement, qui, avec la complicité du ministère du Commerce, veillera à une bonne répartition de ces animaux. Amadou Ba précise que la demande à Dakar se situe entre 290 000 et 300 000 moutons.