Le Monument de la Renaissance africaine, l’Association Mbokatoor Maasir et les Communautés de
ressortissants ouest-africains établies au Sénégal ont organisé ce mercredi 3 décembre, dans le cadre de la première édition d’ECOFEST, le festival ouest-africain des arts et de la culture, un
panel de haut niveau.
Thème:“Cousinage à Plaisanterie : un vecteur
de cohésion sociale et de réconciliation au service de la
Renaissance Africaine”.
Reposant sur la raillerie codifiée, les moqueries ritualisées et les joutes
verbales entre groupes sociaux ,cette tradition a longtemps servi de
mécanisme de prévention et de résolution des conflits permettant
d’apaiser les tensions, de renforcer les liens communautaires et de
favoriser la paix.
Le sociologue Djiby Diakhaté dans son allocution, a insisté sur la dimension morale et communautaire de cette pratique.
Dans son intervention, il a montré que la parenté à plaisanterie :
● repose sur le partage, la générosité et la proximité inter-familiale ;
● constitue un système de régulation basé sur l’humour mais porteur de valeurs fortes;
● enseigne la patience, la tolérance et la prise en compte des différences
Le sociologue a également mis en garde contre la disparition progressive de ces valeurs face aux transformations sociales et aux influences extérieures.
Le cousinage à plaisanterie, pratique sociale ancestrale
est au cœur des mécanismes traditionnels de paix en Afrique.
Le cousinage à plaisanterie, ou parenté à plaisanterie, est une pratique sociale d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, très présente au Sénégal. Elle consiste en des relations de plaisanterie amicale, souvent par surnoms ou patronymes, qui renforcent la cohésion sociale, détendent les relations et aident à résoudre pacifiquement les conflits. Cette tradition, transmise de génération en génération, autorise des taquineries et des railleries sans engendrer de rancune, créant ainsi un lien de confiance et d’entraide.
‹‹Ces pratiques sociales millénaires constituent aujourd’hui encore un socle d’identité collective et un levier de cohésion,›› nous dit M. Pape Massene Sène- Maître de conférence à Ucad.
Le sociologue tchadien Dr Félix Mbete a insisté sur la fonction sociale, éthique et spirituelle du cousinage à plaisanterie.
Il a rappelé que ces mécanismes régulateurs, autrefois garants de l’équilibre social, sont aujourd’hui menacés par une perte de repères et l’abandon progressif des pratiques traditionnelles.
« La haine n’a jamais construit de société. Le cousinage est un rempart contre les divisions. Il ouvre la porte du dialogue, toujours accompagné d’un sourire. » Dr Félix Mbeté.
Le panel a montré que le cousinage à plaisanterie, loin d’être un simple folklore, est un outil de diplomatie sociale, une technologie culturelle de paix.
Dans un contexte marqué par la montée des tensions identitaires, la persistance de conflits locaux et les défis de l’intégration sous-régionale,
ce panel se tient à un moment charnière.
Cette rencontre offre ainsi un cadre de réflexion académique, culturelle
et politique pour analyser le rôle du cousinage à plaisanterie dans la construction d’une Afrique pacifiée, solidaire et tournée vers une véritable Renaissance.
En tant qu’élément central de la culture Sénégalaise, le cousinage offre une base solide pour la coopération, la collaboration et la réconciliation entre les différentes communautés ethniques, tout en conservant leur propre identité culturelle distincte.
