Instauré le 23 mars par le président Macky Sall pour combattre le Covid-19, l’état d’urgence est jusqu’ici assorti d’un couvre-feu de 21 heures à 5 heures du matin et d’une interdiction de circuler entre les régions. Il a été prolongé jusqu’à fin juin, même si le chef de l’Etat avait annoncé le 11 mai un assouplissement des mesures, comme la réouverture des marchés, des commerces et des lieux de culte.
De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une levée plus complète des restrictions. Elles invoquent le prix payé par les défavorisés dans un pays où environ 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale et où beaucoup vivent au jour le jour d’activités informelles. S’est ainsi que des jeunes se sont révolter pour brader l’interdiction avec des manifestations qui ont démarré mardi et se sont prolongées dans la nuit du mercredi, dans un pays qui compte 3 932 contaminations et 45 décès au 4 juin dus au nouveau coronavirus, et où les restrictions imposées par l’état d’urgence sanitaire sont de plus en plus contestées. Dans la ville de Touba, siège de la puissante confrérie des mourides, le bilan est de « trois véhicules d’intervention de la police et une ambulance brûlés, le centre de traitement des malades du Covid-19 attaqué, les vitres de la [compagnie nationale d’électricité] Senelec caillassées », a indiqué à Rfm un haut responsable sénégalais s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.
Les manifestations ont également touché Mbacké, voisine de Touba, où des jeunes ont érigé des barricades et brûlés des pneus, ainsi que Diourbel (centre) Kaolack, Ndiassane, Tivaoune, Thies et Tamba (est) Dans la nuit du mercredi plusieurs communes de Dakar étaient également dans la rue à Guediawaye, Grand yoff et Ben Tally. « Le nombre d’interpellés s’élève à 74, à savoir 29 à Touba, 38 à Mbacké, 2 à Diourbel et 5 à Tamba », a déclaré mercredi en fin de journée une source proche du dossier ayant également requis l’anonymat.
A Mbacké, des protestataires s’en sont pris au siège local de la radio RFM, appartenant au groupe de presse privé du chanteur et ancien ministre Youssou N’Dour, qui a subi « des dégâts matériels importants
Dans un geste et un ton très rare, le khalife général de la confrérie des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, est intervenu à la télévision au milieu de la nuit de mardi à mercredi pour demander l’arrêt des manifestations à Touba, deuxième agglomération du pays avec plus d’un million d’habitants. Cependant la pandémie continue à progresser. La rentrée scolaire, prévue mardi, a été reportée à la dernière minute à une « date ultérieure », après la découverte de la contamination de dix enseignants en Casamance, dans le sud du pays. Une décision est attendue dans les prochains heures sur le maintien ou non des mesures décrétées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.