L’Etat est un phénomène abstrait, puissant, impersonnel, imperméable, invisible et imprévisible. Alors que la politique est palpable, critiquable et personnelle.
Voilà deux notions d’apparence banale à ne jamais confondre. Confondre la politique et ses balbutiements avec l’Etat, c’est faire preuve d’amaurose politique.
Aujourd’hui, au Sénégal, l’opposant le plus suivi Monsieur Ousmane SONKO et ses collaborateurs se sont enfermés dans la pire des cellules : l’erreur.
Erreur de dépeindre le Président Macky Sall comme la formule extensive de l’l’Etat du Sénégal. Alors que l’actuel Président n’est qu’un angle de la face visible de l’iceberg-Etat.
Deux histoires, l’une un peu lointaine et l’autre très proche, permettent d’illustrer l’inculture politique du Président de Pastef.
Affronter l’État, par la manipulation et l’instrumentalisation d’une poignée de jeunes, n’a jamais prosperé au Sénégal. Ni au temps de Diouf, ni au temps de Wade.
Même les plus néophytes en matière politique connaissent le nom de l’ancien Ministre de l’intérieur, Ousmane NGOM. Fort, puissant et renseigné. Toutefois, lorsque l’Etat a agi contre lui, il a été extirpé des toilettes de l’hôtel pour répondre. Voilà une des histoires lointaines pour les néophytes !
Fraîchement, toute la coalition Yewwi Askan wi, sous l’égide d’Ousmane SONKO avec Khalifa SALL, Dethie FALL, Aida MBODJ et Barthélémy DIAZ. Tous, ont dit qu’il n’y aura pas d’élections législatives sans leur liste. In fine, ils se sont pliés à la volonté de l’Etat sans leur liste et ce, sans mot dire. L’Etat déroule toujours !
C’est cet État, ces forces invisibles qui ont dit à Diouf d’appeler Wade et de le féliciter alors que certains caciques du puissant PS voulaient que ce dernier s’agrippe au Pouvoir.
Ce sont ces mêmes forces qui ont annoncé à Wade qu’il avait perdu les élections de 2012. Dans un passé récent ces forces ont clairement dit à Sall Président en exercice que son parti avait perdu les mairies de Dakar, de Thies, de Guediawaye, de Ziguinchor… et le 1/3 des députés de la treizieme legislature.
Il existe une machine que le Président de la République, tout puissant qu’il est, ne peut ni déclencher ni stopper. Macky Sall est certes le Président de la République. C’est une créature constitutionnelle à incarnation personnelle variable alors que l’ÉTAT est invariable.
Il peut être certes affaibli mais ne meurt JAMAIS.
Il reste le même de Thierno Soulaymane Baal a nos jours
Autant, dès lors, dire que l’Etat, c’est l’Etat. Il est fort. Il triomphe toujours.
Max WEBER, sociologue allemand, n’a-t-il pas dit que l’Etat “revendique avec succès le monopole de la violence physique légitime” ?
L’Etat, n’a pas d’état d’âme. Cet Etat du Sénégal a fait face à des forces parallèles non-négligeables, tels que les Thiantacones, les Moustachidines, le MFDC, le puissant Yaya Diameh, les inconditionnels de Mamadou Dia. Ils ont toujours eu en face d’eux la responsabilité et la robustesse de l’Etat.
L’Etat du Sénégal ne flanche guère ! C’est la politique qui a des relents retrogradés. Mais l’Etat résiste toujours et rien ne peut résister contre lui. Telle la pierre sur l’œuf : l’œuf tombe sur elle, l’œuf se casse. Elle tombe sur l’œuf, l’œuf se casse encore.
Ousmane SONKO est certes une réalité politique. Mais pas plus qu’Abdoulaye Wade l’a été en 1993. Pourtant, ce sont les mêmes mots, les mêmes procédés, la même défiance. Les mêmes outils utilisés par Sonko et ses inconditionnels.
Seulement, la sérénité de l’État a toujours eu raison. La raison d’Etat est toujours la seule et ultime raison. Cette raison, au Sénégal en tout cas, a toujours le dernier mot.
À ceux qui appellent la force de la fougue, qu’ils n’oublient pas que cet appel est pointilleusement contrôlé par le sens du bon moment que fait montre L’Etat.
À l’heure des choses évitables ou inévitables (Gatsa-gatsa), l’Etat sera invité. Et à ce moment là, les protagonistes de la violence sauront que l’Etat (en tant qu’appareil) est la seule chose à éviter dans la vue.
Nos aïeux ont raison : “on ne se bat pas contre l’Etat”.
Ledakarois