Au soir du 23 Janvier 2022, grande a été ma surprise de voir les premières tendances s’affichaient sur les écrans et confortant la razzia d’une coalition purement politique dans certaines localités du pays. Loin de moi l’idée de sous-estimer cette alliance si on sait le poids politico-médiatique des ténors qui la composent, mais procédant à une analyse on ne plus froide des premiers résultats, on pourrait croire qu’il existe forcément des perdants et pas des moindres.
Assurément, je serai empreint d’amertume dés lors que les vainqueurs de ces élections le seraient uniquement sur des bases autres que celles dictées par une volonté sincère d’apporter un véritable changement dans le destin des territoires avec à la clef une offre sérieuse.
D’abord, les collectivités locales elles-mêmes parceque qu’elles se voient être confiées à des appareils politiques sur une base qui est tout sauf objective. En effet, ont clairement prévalu l’émotion et la sensation au détriment d’une offre programmatique incarnée par des hommes et femmes, dotés de compétences requises pour conduire une politique publique. Ce qu’on a vu pour la plupart des cas, c’est un vote affectif voire sentimental ou même réactif envers un groupe de leaders nationaux sans pour autant prendre en considération le profil du candidat les représentant localement ; sa probité morale, son parcours professionnel et politique, bref ses faits d’armes s’il en existe évidemment. Dans certaines localités on se posent la question de savoir qui connait le maire qui vient d’être élu ? on parle d’un maire c’est-à-dire le premier magistrat de la ville, l’officier ministériel, la personnalité la plus importante de la commune à plusieurs égards. Cela est d’autant plus vrai que le changement du mode de scrutin pour le transformer en un tour unique, devait invraisemblablement permettre à l’électorat d’être beaucoup incisif et orienté vers un choix de personnes évidemment marqué par une liste que d’ententes (je ne récuse nullement la légitimité des coalitions mais faudrait-il que ces dernières soient scellées par une proposition de programme cohérent et réaliste).
Rappelons qu’en 2014, « l’effet » Khalifa SALL, avait induit le choix de maires qualifiés d’impopulaires à la tête de plusieurs communes de la ville Dakar, avec le temps la plupart de ces derniers se sont ensuite « évaporés » pour réapparaitre « condensés » dans la coalition Benno Bokk Yakar et d’autres comme par enchantement, se retrouvent aujourd’hui, plébiscités pour un second mandat avec la bannière abrégée YAW. De ce point de vue, certains dont les gestions furent visiblement décriées faute de bilan élogieux, se positionnent au premier plan.
Ensuite, les électeurs eux même pourraient subir les conséquences du choix éminemment politique qu’ils ont opéré au détriment d’une décision plus sage et raisonnée, influencées par des préoccupations d’amélioration de leurs communes. On n’a plus le droit de le nier mais l’électorat sénégalais reste friand de politique « politicienne » et n’accorde aucun réel intérêt au vrai développement. En effet, au-delà des offres des partis politiques, plusieurs listes de personnes indépendantes concoctées rigoureusement sur des bases d’engagement citoyen se sont heurtées à un rejet massif de leurs destinataires qui n’avaient d’yeux que pour les discours de politiciens rompus à la tâche en manœuvres et calculs.
Au demeurant, la démocratie sous-tend le respect des libertés fondamentales et droit du citoyen. Ce dernier reste totalement libre de ses choix même s’il faut dire qu’il devra en assumer pleinement les conséquences.
Le Sénégal par ce rendez-vous électoral avait plus que jamais l’occasion d’amorcer une importante révolution en confiant les mairies aux meilleurs compétiteurs avec pour objectif fixé à ces derniers, d’en changer la face. Hélas, il ne faut pas rêver, ceux qui sont choisis par le truchement d’opérations politico-stratégiques avec une campagne volontairement appréhendée comme le premier tour d’une élection présidentielle, risquent de se confronter à la dure réalité de la gestion publique et de toute la rigueur et l’expérience qu’elle exige. Malgré la réforme apportée avec l’Acte III, tout le monde sait que le processus de décentralisation et de responsabilisation des communes peine à connaitre les succès espérés. Voilà, l’un des enjeux majeurs auxquels cette nouvelle équipe dirigeante fera face et elle devra nécessairement apporter des réponses innovantes au profit des populations.
Au plan des perspectives, l’agenda politique national impactera forcément sur la posture des élus locaux. Indubitablement, il faudra s’attendre pour la plupart des communes à des situations difficiles découlant de contre-performances impliquées par les profils « pauvres et étriqués » de certains d’entre eux, de défections politiciennes par des changements de camps, de conflits et contentieux juridico- administratifs résultant des combats politiques « d’en haut » opposant ces leaders nationaux dont les ambitions sont tout sauf locales.
Sentiment d’un citoyen inquiet