Darou Salam ou( maison de paix),”cité imbéciles” c’est le nom que le doyen Amadou Ndiaye premier habitant de ce lieu a donné à ce quartier depuis le temps de Abdou Diouf ancien président du Sénégal après Senghor. Un quartier flottant, habité par des familles qui disent être là malgré et en attendant une issue favorable. Ces familles complètement abandonnées par l’État du Sénégal se débrouillent à la sueur de leurs front pour joindre les deux bouts.
Présentation panoramique et interne de la cité
À cent mètres du quartier Darou salam, sur la passerelle entre HLM et Yarack (hann bel air), le quartier s’aperçoit comme une forêt dense à l’image d’un parc géologique. Une fois à l’intérieur, on perd l’apparence géologique comme on le dit souvent <<l’apparence est souvent trompeuse >>. Et on se retrouve dans un bidonville que l’on ne pouvait imaginer. Ici, on se sent être dans un débarcadère. Et pourtant on est loin de la mer.
Un quartier d’environ 300 mètres de longueur, entouré par deux (2) ou même trois (3) murs et est divisé en deux blocs. Le premier bloc est situé à l’ouest et l’autre à l’est. La rue qui sépare le quartier constitue le centre d’affaires du quartier. On retrouve des boutiques en cantines, des restaurants, des salons de coiffure, des mini fast-food, des ateliers de couture, des tables à légumes et divers. C’est la colonne vertébrale du quartier darou salam voir le centre d’affaires.
Darou Salam, un quartier qui accueille les servantes et les gens en situation difficile à Dakar
Darou salam est un quartier à part. Le nombre de personnes qui font aller et retour venant de tous les bords (Médina, Hlm, Grand Dakar, Petersen, Hann bel air, Pikine et surtout les régions comme Kaolack et Saloum. C’est devenu le point de prise de position, de rafraîchissement de mémoires. Un lieu où certaines personnes viennent par manque de moyens dans la ville.
Historique du quartier par Babacar Sèye l’un des premiers habitants du quartier
Contrairement au nom “cité imbéciles” greffé du quartier, qui blesse le cœur des habitants de ce quartier . Ce quartier habité en premier lieu par le doyen Amadou Ndiaye. Un doyen qui était passionné par la verdure laissait son domicile à Pikine pour venir cultiver des plantes dans ce lieu .Il était très difficile d’accès. Ce vieux a donné le nom darou salam à ce lieu qui signifie <<maison de paix >>.
Pour mieux comprendre sur l’histoire du quartier, on a rencontré Babacar Sèye collaborateur du chef de quartier. Adossé sur un arbre à l’intérieur de la cour entouré des baraques. Babacar Sèye tenant en main les dossiers d’une jeune femme à la recherche d’un acte de naissance pour son fils de huit (8) mois, Babacar Sèye nous explique l’histoire de Darou Salam<< si on pouvait, on aurait pas changer le nom Darou Salam. Dans beaucoup de lieux, on peut voir les affiches de Darou Salam. C’est un quartier où les gens se respectent. Le premier à s’installer ici est le doyen Amadou Ndiaye. Il habitait à Pikine mais depuis le temps de Diouf, ce vieux venait cultiver ici dans son champ. Il travaillait pendant la journée et le soir, il rentrait à Pikine chez sa famille. Mais de fois, quand il était fatigué, il passait la nuit>>. Raconte Babacar Sèye.
Transformation des champs en demeure
À propos du peuplement du quartier, Babacar nous confie.<<À un moment donné le vieux a senti que ce lieu était habitable. Il a construit sa baraque qui est entretenue jusqu’à présent. La-voici>>. La pointant avec un bâton en main. Il poursuit <<Les champs que vieux Ndiaye cultivait ont servi d’habitations petit à petit. Il donnait des parcelles à des personnes ayant besoin de terre pour cultiver et finalement eux aussi, ils sont restés. C’est comme ça que ce lieu est habité>>.
Pourquoi et comment le nom “cité imbéciles” est il apparue dans le quartier
L’attaché du chef de quartier ,nous apporte des précisions sur l’origine de ce nom.<< Dans ce quartier nous avons été envahi par des étrangers, quand je parle des étrangers, il s’agit de tous les gens qui n’étaient pas là en premier. Ils n’avaient rien ici. Ils venaient ici pour fréquenter sous les arbres qui s’y trouvent pour fumer et boire. Ils n’ont aucune ambition. Ils faisaient tous dans les rues sans prise de conscience. Les gens qui passaient par là voyaient ces comportements bizarres. Il arrive même des moments où ils agressent les passants. D’où le nom << cité imbéciles >>” . Renseigne Babacar Sèye, qui pique de colère quand il entend ce nom et c’est d’ailleurs le même cas que plusieurs habitants de Darou Salam. Ce nom nous fait mal. Si on pouvait le changer, il allait complètement disparaître. On ne l’aime pas. Nous sommes loin de ce genre de comportement. Les habitants de ce quartier sont bien pauvres mais dignes. Les vrais habitants d’ici ont leurs enfants avec eux ici. Comme moi ,je suis là depuis dix (10) ans jour pour jour .Tu vois ! Tous ces enfants sont mes enfants. Trois (3) assis par terre en jouant avec des bâtonnets, le plus âgé a neuf (9)ans. Il est né ici dans cette baraque que tu vois devant moi. Donc c’est pour te dire que nous, on se respecte dans ce quartier. On a nul part où aller, sauf ici>>se désole Babacar.
L’atmosphère qui règne dans la soirée au sein du quartier
Il est 20 heures 45 minutes. On se trouve à 100m du pied de la passerelle des HLM. Ici, on est au premier carrefour de la localité. C’est effectivement le cœur du quartier. On tourne un peu à gauche. En face, on trouve Mamadou Baldé dans une boutique à trois étagères presque vide. Une boutique qui serait aux environs de trois mètres carrés. Elle est séparée par des rideaux à l’intérieur. La première partie sert de boutique et l’autre de chambre à coucher. Mamadou est en culotte rouge avec un gilet vert. Il tient dans son bras gauche sa fille halimatou qui souffre de rhume. Elle pleure, son nez coule accompagné d’un toux sec. Sur les pieds de Mamadou, le petit frère de halimatou perturbé par l’effet de la chaleur crie “baba; baba mii gnamaï”( Papa je veux manger).Tout ce scénario se déroule à l’absence de leur maman. Cette dernière est partie chez une voisine à côté.
Les motifs qui ont poussé Mamadou à se retrouver dans cette “cité”
Mamadou nous explique comment il s’est retrouvé dans ce quartier et les calvaires qu’il vit. <<Je me suis retrouvé ici par manque de moyens. J’étais à Petersen. Un jour, ma femme est venue de la Guinée sans m’avertir. J’étais presque au chômage. Je suis coiffeur de métier mais ça ne marchait pas du tout . Les locations de la place et mes dépenses n’en sortaient pas. Et finalement, on m’a parlé de ce quartier, je suis venu là. Je reste ici malgré et en attendant de trouver une bonne solution”. A dit Mamadou avec une voix douce.
Les conditions de vie de Mamadou. “l’eau et le courant ” pèsent sur lui
Ici, une chambre, comme c’est en baraque ça coûte 15.000 fcfa, mais le gros défi c’est le courant et l’eau selon Mamadou. “Le courant se paye quotidiennement à 250 F par jour la chambre. Qu’on le veuille ou pas . Et puis, ce n’est même pas l’État qui nous taxe ça. Ce sont les hommes de la terre qui font ce trafic. C’est-à -dire ceux qui nous hébergent. Ils ne négocient pas avec quelqu’un. Ce gars qui vient de quitter ici, il était venu pour le courant que je paye par semaine personnellement. En plus de ça, un bidon d’eau se négocie à 150 fcfa . Vivre ici est difficile mon frère. ” A révélé Mamadou avec une voix basse.
Pathé Ngom propriétaire de deux maisons à Darou salam “quartier bii diam rek moo fi am”
Au cœur du quartier, Pathé Ngom est un maître tailleur. Il est assis sur un banc en bois devant son atelier avec un ami. Il est vêtu en débardeur blanc, un éventail en main puis une sueur fascinante coule sur son visage. “quartier bii diammou rek mo fi am”(dans ce quartier il n’y a que la paix).” Informe t il. Il nous explique son statut dans le quartier “. J’ai mes deux maisons qui sont toutes en location. Mais, moi j’habite aux Hlm. je viens seulement pour travailler et le soir je rentre chez moi.” Interrogé sur la question de location et le courant qu’il alimente, il répond par silence pour la location mais dit que dans son atelier, il ne paye pas le courant. C’est un ami qui lui donne gratuitement. Contrairement à Mamadou rencontré au début de notre reportage qui paye 8 000f par mois.
Au fond de la cité, il n’y pas de courant. Ndiaga utilise une lampe rechargeable
Au fond du quartier, c’est les ténèbres qui se font remarquer avec des grognements de bruits. On est avec un jeune du nom de Ndiaga qui ne dispose pas du courant électrique depuis 2013.”Je ne peux pas utiliser ce courant clandestin. C’est trop cher pour moi. J’utilise une lampe solaire rechargeable. Je la recharge pendant toute la journée chez mon ami à médina tout près de mon lieu de travail.” A-t-il dit.
Des infrastructures toujours archaïques tous visibles.
Darou Salam dispose d’un diakka (petite mosquée) environ de 40 places. Cette maison de Dieu n’est pas bien équipée. À moins qu’on te le dise, l’image ne renvoi pas à un lieu de prière. En face de la mosquée se trouve une école couverte de tôle totalement en corrosion. Cette école est souvent utilisée en qualité de vidéo club pendant les périodes de vacance. Nous apprend un riverain.
Dans ce quartier, les charretiers sont les maîtres de l’indiscipline
Aucun signe de politesse dans leurs activités. Des courses désordonnées se constatent un peu partout avec eux. Des charrettes remplies d’eau en provenance de Yarakh kipp ou hann santhie.
Le nom Darou salam absorbé au profit de “cité imbéciles” et les habitants lancent un appel aux autorités
Le nom qu’a donné le vieux Amadou Ndiaye à ce quartier tant à disparaître au profil d’un sale nom < cité imbéciles> qui sonne mal aux oreilles des habitants. Ces personnes qui partent ailleurs tous les jours à la recherche du bien-être traversent des difficultés indescriptibles et perdent espoir . Leurs mentales se détériorent à petit feu sous l’œil vigilant des autorités compétentes du pays. Cette population qui vit dans ce quartier lance un appel à toutes les compétences y compris la mairie de Hann Bel-Air pour leur venir en aide. Ceci contribuera au vrai sens du Sénégal pays de la “teranga ” qui ne peut avancer que dans l’esprit de tolérance et de solidarité.