L’affaire de Mamy Doura Diallo , décédée ainsi que son bébé lors d’un accouchement au district sanitaire de Kédougou n’a pas encore dit son dernier mot. Le procureur près le Tribunal de grande instance (Tgi) de Kédougou a livré sa part des faits. Lors d’un face-à-face avec la presse vendredi, Baye Thiam s’est expliqué sur l’affaire et reste formel : « A l’analyse des faits de l’espèce, une forte négligence médicale ainsi qu’un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine ont été relevés ». Il ajoute : « D’abord, il ressort de la procédure que la patiente avait accouché par voie césarienne lors de sa dernière grossesse dans ce même district. Ce qui aurait dû dissuader le gynécologue, compte tenu de ses antécédents avérés, de la faire accoucher cette fois-ci par voie basse ».
Baye Thiam a fait savoir également que « la défunte, qui était diabétique, ne pouvait nullement supporter un accouchement par voie basse vu son poids qui était quasiment à 100 kg » avant d’ajouter qu’« il nous a été donné de constater que le fœtus pesait 4 kg 770 grammes et donc ne pouvait, sous quelque acrobatie utilisée, sortir par la voie basse ».
De ce fait, le procureur a instruit le commandant de brigade de kédougou d’entendre tout le personnel en commençant par le gynécologue mais également prendre l’audition du mari de la défunte. « Eu égard à la gravité des faits et après les premiers interrogatoires, les personnes mises en cause sont arrêtées et placées en position de garde à vue pour homicide volontaire et complicité de ce chef, faits prévus et punis par les dispositions des articles 45-3, 46, 280 et 287 du Code pénal » informe le procureur.
Selon le chef du parquet de Kédougou, « Mamy Doura Diallo, arrivée aux environs de 16h, s’est présentée et a essayé d’accoucher la femme par voie basse jusqu’à faire sortir la tête mais les épaules du bébé, étant bloquées, peinaient à sortir du fait du volume et ce, contrairement à la volonté de son époux qui lui suppliait de faire une césarienne compte tenu de ses antécédents » dit-il.
D’après Baye Thiam, « C’est ainsi, regrette-t-il, sans pitié ni sentiment, qu’il a continué de manœuvrer sans même tenir compte de la fragilité du bébé. S’étant rendu compte qu’il était face à un obstacle imparable, il a décidé de procéder à une intervention chirurgicale, ce qui était trop tard car la situation était déjà devenue inextricable ». Toujours selon le procureur de Kédougou, « le comble s’est produit une fois au bloc opératoire lorsque le gynécologue ainsi que l’anesthésiste ont délibérément décidé, sans même avoir préalablement consulté le mari de la défunte, de procéder à une hystérectomie, c’est-à-dire, une ablation totale de l’utérus. En outre, les manœuvres du gynécologue pour extraire le nouveau-né ont causé le décès de celui-ci », souligne Baye Thiam avant de révéler que « les déclarations spontanées des parties (personnel médical et le mari de la défunte) indiquaient que le fœtus à l’arrivée était vivant car le mari, présent à l’accouchement avait posé la question au médecin qui lui a confirmé effectivement qu’il respirait ».
Ainsi, Mamy Doura Diallo est décédée suite à une hémorragie externe et un arrêt cardiaque selon le rapport du médecin-chef du district sanitaire de Kédougou transmis au Parquet le 31 août 2022.