Au Sénégal, la proclamation des résultats des législatives aura lieu ce 22 novembre 2024 au plus tard. Mais les résultats des commissions départementales de recensement des votes confirment déjà une large majorité pour le parti du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko, au-delà des 99 sièges dont le Pastef a besoin pour adopter des réformes constitutionnelles qui nécessitent une majorité aux 3/5e. Dans ce contexte quels sont les chantiers prioritaires ?
L’urgence, c’est d’abord l’adoption d’une loi sur le budget, un passage obligé pour décider quoi financer et comment. Ce débat avait été bloqué en juin dernier par l’ancienne majorité.
Priorité numéro 1 désormais d’ici fin janvier au plus tard – il faudra raccourcir les délais prévus pour les discussions dans l’hémicycle – le Sénégal doit être doté de cette feuille de route, pour donner aux différents ministères les moyens de travailler et de commencer à mettre en œuvre les promesses contenues dans son plan de développement économique : Sénégal 2050. Le tout dans un contexte budgétaire très serré et avec des attentes fortes du Fonds monétaire internationale (FMI).
Pour l’économiste Magaye Gaye, l’urgence c’est d’abord d’adopter une loi des finances pour 2025 : « La nouvelle majorité, arrivée au pouvoir depuis 7 mois, pour des raisons d’ailleurs politiques, eh bien ces nouvelles autorités étaient obligées de travailler sur la base de l’ancien budget. Cette loi de finances 2025, une fois adoptée – et, je l’espère, avant la fin du mois de janvier – permettra enfin aux nouvelles autorités de commencer à traduire en acte concret le programme économique Vision 2050 proposé aux Sénégalais. » Il poursuit : « Enfin, on aura alors une feuille de route qui permettra de faire face aux nombreuses urgences liées à l’emploi, à la vie chère, mais aussi à la mise en œuvre de programmes économiques efficaces ! Ce sera aussi l’occasion de donner un signal fort aux partenaires financiers internationaux. »
Abrogation d’une loi d’amnistie
Les nouvelles autorités se savent par ailleurs très attendues sur la promesse de reddition des comptes, et notamment de la création d’une Haute cour de justice, seule institution habilitée à poursuivre un ancien chef de l’État. Il faut une majorité qualifiée – donc, 99 voix minimum – pour l’adopter. Le Premier ministre Ousmane Sonko a promis de s’y atteler très vite, dans la nouvelle Assemblée.
Idem pour la loi d’amnistie : Ousmane Sonko a promis d’abroger ce texte qui exempt de poursuites toutes les personnes impliquées dans les manifestations et leur répression entre février 2021 et 2024. Texte adopté dans les tous derniers jours au pouvoir de Macky Sall.