Par Yamadou DIABY
Conséquent face à l’Europe, le Proche et le Moyen-Orient. Sous l’influence de Staline et de ses successeurs, elle a inscrit la politique soviétique dans la continuité géopolitique de la Russie des tsars, un rêve d’expansion qui refait surface un siècle après sa création.
Au début de l’année 1917, alors que le conflit dure depuis bientôt trois ans, l’absurdité et l’horreur de la guerre associée à la famine qui touche les grandes villes du pays poussent de nouveau la Russie dans la Révolution. La précédente, en 1905, a mené à la création d’une assemblée, la Douma, dont la création se présente comme une promesse de changement pour la plus grande autocratie européenne. Dans les faits, elle n’est qu’une vitrine sans pouvoir, qui ne trouve de véritable fonction que douze ans plus tard, après les troubles de février.
Le régime tsariste s’effondre en quelques jours, forçant le tsar à abdiquer. Le nouvel homme fort du gouvernement provisoire est un socialiste révolutionnaire, Alexandre Kerenski, ministre de la Justice puis de la Guerre et, enfin, ministre-président. Si les réformes sont nombreuses et spectaculaires, le gouvernement ne veut pas mettre fin au conflit, par peur de trahir ses alliés, mais aussi de devoir faire des concessions territoriales à l’Allemagne. Le mécontentement grandit et les bolcheviks, menés par Lénine, rentré de son exil suisse en avril avec la bénédiction de Berlin, prennent le contrôle des conseils d’ouvriers, les soviets.
Les soviets au cœur de la fiction d’une démocratie populaire
« Tout le pouvoir aux soviets », le mot d’ordre de Lénine repris aux anarchistes, est une formule purement rhétorique. Il s’agit de s’appuyer sur le mécontentement ouvrier face à un gouvernement défini comme « bourgeois ». Dans un pays dévasté, les bolcheviks n’ont aucun mal à déclencher une seconde révolution en octobre et à s’emparer du pouvoir. Les soviets sont désormais sous le contrôle des commissaires du peuple. Le pouvoir qui se veut soviétique – tenu par les conseils représentants du peuple – est en fait tout entier entre les mains d’une poignée de révolutionnaires professionnels, secondée par une police politique omniprésente, la Tchéka.