Par Yamadou DIABY
L’Union des radios associatives et communautaires du Sénégal a organisé, le vendredi 27 janvier 2023 à Dakar, un atelier de validation du document d’enquête sur la viabilité des radios communautaires, élaboré avec le soutien du Programme international pour le développement de la communication de l’UNESCO.
Les parties prenantes du gouvernement du Sénégal, les représentants d’associations de médias, acteurs de la société civile et professionnelle (le)s des médias, ont validé l’étude menée par l’Union des radios associatives et communautaires (URAC) sur la viabilité des radios communautaires au Sénégal.

Ce projet, approuvé et financé par le Programme international pour le développement de la communication (PIDC), a été lancé pour aider les régulateurs des médias et les institutions gouvernementales à mettre en place un environnement réglementaire qui reconnaisse la valeur des médias communautaires et soutienne leur viabilité à long terme, afin de promouvoir la liberté d’expression et le droit à l’information (ODD 16.10), conformément aux objectifs stratégiques de l’UNESCO.
L’étude intervient au moment où les radios communautaires sont confrontés à un réel défi de durabilité, exacerbé par la pandémie de COVID-19 qui a davantage contribué à les fragiliser. L’initiative participe donc à guider et à encadrer les médias communautaires au Sénégal pour assurer leur viabilité et leur durabilité financière, afin qu’ils soient en mesure de continuer à répondre aux besoins en information et en communication des membres des communautés qu’ils desservent.

Le processus de validation du document d’enquête a été conduit par l’URAC, en collaboration avec le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), et en présence de M. Amadou Kanouté, représentant du ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique. Ce dernier a tenu à « apprécier le travail mené par les radios communautaires » en tant qu’acteur clé de vulgarisation des informations de qualité aux populations rurales qui s’expriment majoritairement en langues locales et davantage les jeunes, et à « saluer la qualité de l’étude » dont le ministère attend les conclusions définitives, puisque sa présentation a entraîné des échanges visant à apporter des améliorations au document final. Il a également réaffirmé l’engagement du Gouvernement à soutenir et accompagner les radios dans leur développement.
Tel qu’indiqué par le consultant, M. Alymana Bathily, « l’étude a mis l’accent sur trois aspects essentiels, notamment le cadre législatif et réglementaire, le cadre organisationnel et fonctionnel des radios communautaires, et le cadre économique ». Grâce à la participation de plus de 200 acteurs et actrices des médias répartis dans les 14 régions du pays, une enquête, menée dans le cadre de l’étude, a permis de mettre en lumière la nécessité de faire évoluer la régulation en ce qui concerne les procédures et mécanismes d’accès aux fréquences et à la licence d’exploitation, autant qu’à la publicité et à la migration vers la radio numérique.
Pour ce qui est de la viabilité économique, l’enquête a souligné la nécessité d’améliorer l’accès des radios communautaires aux marchés de la publicité et de promouvoir un mécanisme de financement spécifique avec la participation des communautés. Sur le plan de l’organisation, il est apparu le besoin de renforcer la formation d’un plus grand nombre de journalistes, de pallier la vétusté des stations de radios, d’améliorer la participation des publics aux émissions et davantage la place et les rôles des femmes dans les médias communautaires.

En effet, prenant en compte la Priorité Egalité des sexes de l’UNESCO qui consiste à lutter contre toutes formes de discrimination basées sur le genre, l’étude s’est penchée spécifiquement sur le problème de nomination des femmes aux postes de responsabilité dans les médias, « afin de plaider pour leur accès en plus grand nombre aux fonctions techniques et de direction, dans la mesure où elles sont généralement cantonnées à des postes de moindre importance », Souligne dans son rapport, M. Talla Dieng, Président de l’URAC
Afin d’étoffer davantage le document pour un meilleur plaidoyer en faveur des radios communautaires, plusieurs recommandations ont été formulées par les participant(e)s. Entre autres, la nécessité d’inclure les initiatives récentes menées par les radios communautaires pour améliorer la qualité de leur contenu (élaboration d’un cahier des charges commun en 2022) ; l’utilité d’avoir la perception des auditeurs, partenaires de l’Administration centrale et décentralisée, parlementaires, sur le rôle des radios
communautaires dans le quotidien des citoyens ; l’importance de programmer une grande rencontre de partage avec l’ensemble des radios communautaires et d’insister sur les zones d’implantation des radios communautaires et leur structuration ; de proposer un protocole de partenariat entre l’URAC et les écoles de formation dans le cadre du recrutement des stagiaires ; la nécessité de trouver des ententes avec différents fournisseurs de services (électricité, Internet, etc.) afin de bénéficier de tarifs préférentiels pour diminuer les dépenses des radios communautaires. En Gambie, l’étude sur la viabilité des médias communautaires a abouti à la validation en 2022 de la première politique de durabilité des médias communautaires. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre du soutien de l’UNESCO aux pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel pour la mise en œuvre de la Politique sur la viabilité des médias communaut