Ledakarois221- Dans l’affaire Rachelle Sleyaty, accusée d’abus de confiance sur moins de 126 millions de Fcfa, la Section de recherches (Sr) a étrillé… Batiplus qui a « volontairement envoyé, pendant plusieurs années, des milliards de Fcfa », vers deux…boutiques. Rien qu’en épluchant 65 reçus, les enquêteurs sont tombés sur le chiffre de 2,8 milliards de Fcfa. Or, le courtier, M.Fall, révèle avoir commencé ces mystérieux dépôts, qui dépassaient souvent 100 millions de Fcfa selon ses aveux, depuis quatre… ans maintenant. Quelle était la destination finale de cette manne financière ?
«(…) De l’argent ne devrait pas être remis au directeur général d’une société anonyme sans aucun fondement et aucune traçabilité. En l’espèce, la société Batiplus a volontairement envoyé pendant plusieurs années des milliards de Fcfa vers les boutiques de messieurs H.H et S.H (ndlr, ils ne sont pas poursuivis). Et l’intérêt de la société dans l’acheminement de ces fonds reste à justifier ».
C’est une des fortes convictions des gendarmes de la Section de Recherches (Sr), mentionnée dans leur rapport de synthèse, à la suite de la plainte déposée par le directeur général de Batiplus, Christian Samra, contre Rachelle Sleyaty qu’il accusait d’abus de confiance portant sur moins de 126 millions de Fcfa. Comme nous le révélions, l’enquête de la Sr s’est retournée contre Christian Samra englué dans une mystérieuse affaire de décaissement de fonds portant provisoirement sur 2,8 milliards de Fcfa. C’est d’ailleurs ce qui a motivé le parquet à ouvrir une information judiciaire contre Christian Samra, Rachelle Sleytaly et X pour association de malfaiteurs, faux en écritures de commerce, abus de confiance et blanchiment.
Seule à être déférée à la suite de l’enquête très fouillée de la Sr, Rachelle Sleytaly a été écrouée depuis lors. Christian Samra, contre qui le mandat de dépôt a été aussi requis, continuait, jusqu’à hier, à vaquer à ses occupations. Les gendarmes n’ont pas mis de gants dans leur rapport de synthèse : « Seule la sommation de l’huissier incrimine la mise en cause (ndlr, Rachelle Sleytaly). Encore, qu’elle a mis à notre disposition, une première sommation dans laquelle elle réfutait avoir soustrait de l’argent, dans le coffre de la société (ndlr, Batiplus). Ce qui conforte d’une part sa thèse lorsqu’elle déclare avoir été intimidée pour extorquer sa signature ».
Extorsion de signature ?
A ce propos, les avocats de Rachelle Sleylaty ont d’ailleurs déposé une plainte contre Christian Samra pour extorsion de signature, tentative d’atteinte à l’administration de la justice et dénonciation calomnieuse. Dans la plainte, Me Abdoul Gning accuse : «La gestion des mouvements de ce coffre (ndlr, celui de Batiplus) ne respectait aucune des obligations de régularité, de sincérité et de transparence inhérentes à sa tenue, au contrôle, à la présentation et à la communication des informations traitées comme l’exigeaient les articles 1,14 et suivants de l’Acte uniforme du 22 février 2000 relatif à la comptabilité des entreprises. Ledit coffre englobait la comptabilité générale de Batiplus qu’il abritait pour masquer et maquiller les comptes de gestion du groupe ».
Des dépôts et des questions.
Pour rappel, Rachelle Sleylaty avait remis aux gendarmes une pile de reçus attestant des sorties de fonds sur ordre du directeur général. En service à Batiplus depuis 15 ans, le courtier M.Fall avait prétexté un trou de mémoire, lors de sa première audition, avant de conduire les enquêteurs chez les deux personnes à qui il remettait l’argent. C’est ainsi que 600 millions de Fcfa en liquide ont été retrouvés dans la boutique de H.H. Il déclarait que ces fonds seraient un prêt consenti par Batiplus. Mais, confronté à M.Fall, il a confessé que la cagnotte constituait le total des montants que le courtier a déposé, auprès de lui, en 2019 et début 2020. 48 millions de Fcfa seront retrouvés chez S.H.
Pour seulement 65 reçus épluchés, les gendarmes ont établi que 2,8 milliards de Fcfa sont sortis du coffre durant cette période. Or, M.Fall a affirmé que les remises ont commencé « de manière courante »- ce sont ses mots- depuis… quatre ans. Mieux, souvent ce sont des montants qui dépassaient 100 millions de Fcfa, d’après ses précisions. La conclusion des gendarmes est sans appel : «Donnant sa version sur la destination de cet argent, le directeur général de Batiplus soutient qu’il transitait seulement par cette boutique (nldr, celle de H.H) pour ensuite être reversé à la banque. Quant à la preuve écrite du dépôt de ces fonds à la banque, aucun des acteurs n’a pu produire une justification. Donc, matériellement, cet argent n’est jamais retourné entre les mains du coursier pour être déposé à la banque comme il l’a déclaré lors de sa première audition. Quel est donc la destination de cet argent ? (…) De plus, c’est le directeur général qui est chargé du contrôle de la gestion de madame Slaylati. Mais il reconnaît n’avoir jamais fait le contrôle au courant des années 2019 et 2020, ce qui constitue une négligence fautive ou un laisser-aller justifié par ce transport illégal de fonds découvert lors de nos investigations. La deuxième hypothèse semble plus plausible dans la mesure où le directeur général manie les fonds de l’entreprise à sa guise et ordonne presque tous les décaissements comme en témoignent les différents transferts illégaux de fonds à destination de particuliers non habilités à en à recevoir. En conséquence, sa responsabilité est engagée (…). Cet argent, sorti de la caisse de Batiplus, pour une destination inconnue, doit, en principe, créer un déficit considérable dans la comptabilité de l’entreprise. L’on se demande pourquoi le plaignant n’a pas fait état de cet écart de plus de 2 milliards de Fcfa ». Intéressante question…