«L’État, sur la terre, nul n’est son maître. Il a été créé pour ne rien craindre (Segond).
Il n’y a point de puissance sur la terre qui puisse lui être comparée, puisqu’il a été créé pour ne rien craindre (Lemaistre de Sacy).
En complément à l’excellent texte publié par Monsieur Abdoul Burhan DIA, il est utile de rappeler que l’Etat est un redoutable machin, être froid, une «chose» relevant de l’invisible mais vivant et féroce. Il n’est personne mais un ensemble diffus, faussement inorganisé mais autocoordonné, échappant à la passion et au sentiment, UN MONSTRE comme un taureau en furie dans la nature.
Sur le plan juridique, «l’État peut être considéré comme l’ensemble des pouvoirs d’autorité et de contrainte collective que la nation possède sur les citoyens et les individus en vue de faire prévaloir ce qu’on appelle l’intérêt général, et avec une nuance éthique le bien public ou le bien commun». Parmi ces citoyens et individus, nous avons le président de la République ainsi que les membres de l’exécutif (très important).
Et parce que la souveraineté interne fonde la liberté d’auto-organisation de l’État, certains n’arrivent pas encore, du fait de leur inculture citoyenne, à faire la dichotomie entre le pouvoir politique et ce qui relève de l’ETAT. Une frontière ténue mais infranchissable sépare le pouvoir politique du pouvoir d’état ou pouvoir administratif (en français, dans le dictionnaire).
Quand l’Etat se sent attaqué, menacé dans sa mystique (secret d’état) et dans son orgueil (respect des institutions, lois et règlements), alors il fait jouer une loi sacro-sainte que l’on appelle la «raison d’Etat», c’est-à-dire le principe au nom duquel un État s’autorise à violer le droit et la loi au nom d’un critère d’intérêt supérieur. C’est avant tout un principe d’action politique, dont le concept philosophique est caractérisé par un flou définitionnel, et qui donne lieu à des pratiques très variées.
Alors, l’Etat devient cette monstrueuse bête qui broie ses ennemis avec les prérogatives exorbitantes que lui confèrent la constitution, les lois et règlements du pays, c’est-à-dire un ensemble de moyens qui permettent à l’administration d’imposer sa volonté à toutes les personnes physiques ou morales de droit privé. Sans cette puissance publique, l’état n’aurait pas d’autorité suffisamment convaincante et puissante pour exercer ses différentes missions d’intérêt général.
Impitoyablement, l’Etat se dresse comme un taureau et dans une folle légalité et légitimité, se met à encorner tous les impertinents et irrévérencieux qui auront commis le crime de le rudoyer. L’Etat se met à agir, en dictant à l’homme politique ce qu’il doit faire pour conserver la force et la santé de l’État.
Le pouvoir d’Etat est donc totalement distinct et indépendant du pouvoir politique quand la survie de l’ETAT est menacée.
Donc, un conseil: ne reveillez jamais la furie de l’Etat.
Tidiane Kounta