De nombreux États utilisent un logiciel espion pour cibler des militants, des avocats, des hommes politiques, et des journalistes. Plus de 50.000 de téléphones de militants des droits humains .
C’est sans doute l’affaire de cyber espionnage la plus importante depuis l’affaire Snowden. En 2013, on découvrait, sidéré, dans le contexte de l’après-11 septembre, que la NSA avait mis en place un système de surveillance mondialisé de données. Mais les révélations que Forbidden Stories et ses partenaires, avec le concours technique du Security Lab d’Amnesty International, sont en mesure de faire aujourd’hui, semblent encore plus graves. Car elles montrent que cette surveillance n’est pas l’apanage d’un pays aux pratiques déviantes, aussi grand soit-il, mais qu’elle est généralisée, et concerne tous types de nations. Des militants, des journalistes et des opposants du monde entier ont été espionnés grâce à logiciel mis au point par l’entreprise israélienne NSO Group, selon une enquête publiée dimanche 18 juillet qui renforce les soupçons pesant de longue date sur cette société.
Le logiciel espion dont il est question porte le nom très évocateur de Pegasus. Il n’est commercialisé qu’auprès d’États ou d’agences gouvernementales, avec l’aval du gouvernement israélien, par une société baptisée NSO, qui emploie 750 salariés à Herzliya, dans la banlieue de Tel Aviv, mais aussi à Chypre et en Bulgarie. Officiellement, il a pour but d’aider les services de renseignement à lutter contre la criminalité. Sur son site Internet, NSO précise qu’il “crée des technologies qui aident les agences gouvernementales à prévenir et à enquêter sur le terrorisme et les crimes, pour sauver des milliers de vies dans le monde”. Pour cela, Pegasus pénètre dans les smartphones, qu’ils fonctionnement sous le système d’exploitation d’Apple, iOS (y compris dans sa dernière version) ou celui de Google, Android.
NSO réaffirme qu’il a pour mission de sauver des vies. “Nous assurons cette mission avec détermination, en dépit de tentatives répétées de nous discréditer sur la base de fausses informations“, explique le groupe. Au regard de ce que nous révélons, peut-il pour autant continuer d’ignorer que de nombreux pays détournent sa technologie à d’autres fins que la prévention du crime organisé et du terrorisme ? Dans sa réponse, la société ajoute : “_NSO Group continuera d’enquêter sur toute allégation de mauvais usage (de Pégasus), et nous prendrons des décisions en fonction des résultats de ces enquêtes. Cela peut aller jusqu’à fermer l’accès de notre système à nos clients … Ce que nous avons déjà fait par le passé de nombreuses fois, et que nous n’hésiterons pas à refaire si nécessaire_”.